
La presse musicale indépendante subit de plein fouet la crise liée aux conséquences de la pandémie mais, en dépit de quelques avancées, peine à se faire entendre du ministère de la Culture.
Dans le cadre de l’initiative “Pour la survie de la presse musicale indépendante”, six titres de la presse musicale spécialisée, dont Tsugi, Jazz Magazine, Magic ou Trax, se sont associés, le 17 décembre 2020, le temps d’une lettre ouverte à l’intention de Roselyne Bachelot, ministre de la Culture, et Jean-Philippe Thiellay, président du Centre national de la musique (CNM). En cause, un sentiment d’abandon ressenti par la profession face à la crise sanitaire – et, donc, économique –, mais aussi une indifférence subie aux racines plus profondes.
Depuis, dix nouveaux titres de presse musicale, parmi lesquels Les Inrockuptibles, Opéra Magazine ou Rolling Stone, ont rejoint l’initiative. De fait, le secteur, dont 70 à 80 % des revenus publicitaires sont liés à la filière musicale – drastiquement en berne, voire complètement à l’arrêt s’agissant des concerts et autres festivals –, est terriblement affecté par les retombées de la pandémie sur le monde de la musique (une perte de 50 à 70 % des revenus publicitaires).
Au-delà de cette urgence économique, le sentiment d’avoir été “invisibilisé”, comme nous l’explique Edouard Rencker, directeur de la publication de Jazz Magazine,questionne les professionnel·les de la presse musicale qui se sentent doublement exclu·es de leurs propres écosystèmes. D’un côté, les subventions allouées par le ministère de la Culture aux titres de presse concernent en majorité la catégorie “information politique et générale”, soit la presse généraliste ; de l’autre, les missions du CNM ne concernent pas encore directement les métiers de la presse.
A la suite d’une réunion qui s’est tenue le 4 janvier dernier en présence des trois parties, Alexis Bernier, fondateur de Tsugi, nous a assuré que les représentant·es ministériel·les avaient tout de suite reconnu que dans le contexte actuel “la presse musicale était totalement passée sous [leurs] radars”.
Avoir enfin voix au chapitre
Malheureusement, les budgets pour 2021 ayant déjà été votés, le ministère est dans l’impossibilité de réajuster ce manquement – à moins d’être en mesure de débloquer un crédit. Pour autant, le comité a aussi amorcé un travail de fond encourageant avec le CNM, qui s’est proposé de réaliser une étude dans l’optique de créer un dialogue entre ce secteur et les acteur·trices du monde de la musique représenté·es au CNM.
Pour Romain Laleix, directeur général délégué du CNM, il est d’ailleurs impensable d’envisager cette nouvelle institution, créée en 2020, sans un dialogue privilégié avec le secteur de la presse musicale. Si l’établissement de cette relation servira de socle aux discussions à venir (elle va dans le sens d’Alexis Bernier, qui souhaite “avoir voix au chapitre” dans cette institution), les modalités d’intervention du CNM dans la presse musicale ne sont, elles, pas connues ni financées pour le moment.
Là est le nœud du...
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