Une passionnante enquête menée par l’Association des maires de France révèle leur engagement et leur volontarisme en matière d’offre culturelle. Elle se fait aussi l’écho de leurs difficultés financières croissantes.
Sans les communes, la vie culturelle en France ne serait pas ce qu’elle est. On a un peu trop tendance à l’oublier, mais elles sont de loin les collectivités qui financent le plus le secteur culturel en proportion de leur budget. Les maires en sont d’ailleurs parfaitement conscients, puisque 67 % d’entre eux considèrent être les premiers financeurs de la culture sur leur territoire, loin devant les départements ou les Régions. Sans même parler de l’État, qui n’a souvent qu’un rôle mineur ou inexistant dans la politique culturelle mise en place dans des milliers de petites communes. Ce chiffre est extrait d’une passionnante enquête dévoilée cette semaine par l’Association des maires de France (AMF) (1), qui a le mérite de fournir une photographie précise de l’engagement des communes et des intercommunalités en faveur de la culture. Un éclairage bienvenu, à moins de quatre mois des élections municipales et à un moment où le financement de la culture n’a jamais été aussi fragile.
Les motivations des élus à investir le secteur culturel sont intéressantes à analyser. Plus de la moitié d’entre eux y voient avant toute chose un enjeu de « cohésion sociale », mettant ainsi en avant l’importance de la culture pour favoriser le maintien du vivre-ensemble. Plutôt rassurant dans un monde de plus en plus polarisé, où l’extrême droite tend à faire de la culture un enjeu civilisationnel, et prône une création moins ouverte et moins inclusive, qui clive plus qu’elle ne rassemble.
Corollaire de cet enjeu de cohésion sociale si important à leurs yeux, les maires sont près d’un sur deux à alerter sur leurs difficultés à toucher tous les habitants de leurs communes, en particuliers ceux considérés comme éloignés de la culture pour des raisons géographiques, économiques, culturelles ou médicales… D’où le recours à des politiques qui visent à rendre les activités culturelles les plus accessibles possibles, grâce à des tarifs dégressifs ou à la gratuité, mais aussi grâce à la médiation culturelle ou à des partenariats associatifs.
Problème, promouvoir une politique digne de ce nom, qui investit tout le champ culturel (théâtre, expositions, cinéma, festivals, éducation artistique…), a un coût auquel de nombreuses petites communes ne peuvent prétendre. Près des deux tiers d’entre elles reconnaissent se heurter à un manque de moyens financiers, 44 % regrettent le manque d’aides de la part des autres collectivités (départements, Régions) ou de l’État. Elles sont aussi confrontées à un manque de personnes formées (33 %), ou tout simplement d’équipements culturels, pour un quart d’entre elles.
Le patrimoine en danger
Et pourtant, contrairement aux départements et aux Régions qui ont parfois lourdement désinvesti le secteur culturel ces deux dernières années, les communes et les intercommunalités n’ont pas levé le pied. Cette attitude s’explique sans doute par la proximité des élections municipales prévues en mars 2026. Toujours est-il que les deux tiers des maires indiquent que le budget de leur collectivité est demeuré stable ou a subi une baisse de moins de 1 % entre 2024 et 2025. Un moindre mal mais, faisant suite à plusieurs années de stagnation, et cumulé à une inflation qui a navigué entre 2 % et 5 % ces dernières années, cette relative constance a pourtant des conséquences visibles, matérialisées par une baisse réelle des propositions artistiques, des moyens de préservation du patrimoine et du soutien aux associations. L’enquête de l’AMF en donne une...
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