
FACT-CHECKING – Invitée ce matin sur France Inter, la ministre de la Culture a abreuvé les auditeurs de chiffres pour les convaincre que le budget de la Culture n’avait pas baissé cette année. Vraiment ?
Rachida Dati voit son budget plus beau qu’il ne l’est et voudrait que tout le monde partage sa vision. Mais ce n’est pas parce qu’on assène des faits avec une apparente conviction, qu’on les répète à l’envi, et qu’on dénigre publiquement ses contradicteurs — la comédienne Caroline Vigneaux, « la fille perchée qui vient me raconter [lors de la Nuit des Molières, ndlr] qu’il y a des baisses et de la précarité, choses qu’elle n’a jamais connues de sa vie » —, qu’une approximation ou un mensonge devient d’un coup une vérité. C’est pourtant ce qu’a tenté de vendre la ministre de la Culture aux auditeurs de France Inter ce mercredi matin. Mais à tordre la réalité comme elle le fait, on finit par y laisser sa crédibilité. La preuve par quatre.
“Il n’y a pas eu de baisse sur le budget 2025. Il y a eu une hausse.”
FAUX. Le budget de la culture est en baisse en 2025 pour la première fois depuis dix ans. Il s’élève globalement (crédits du ministère + audiovisuel public) à 8,587 milliards d’euros contre 8,668 milliards effectivement dépensés en 2024, soit une baisse de 81 millions d’euros. Et encore la soustraction est plus importante si on se réfère au budget initial adopté en 2024, qui avait ensuite été raboté en cours d’année de 204 millions par le gouvernement de Gabriel Attal.
Toutes les politiques publiques menées par le ministère ne sont pas logées à la même enseigne. Rachida Dati a raison de dire que les crédits consacrés à la création (1,044 milliard d’euros) ne baissent pas. C’est le cas aussi de ceux affectés au patrimoine (1,251) qui augmentent même de 57 millions d’euros, mais pas de 300 millions comme elle l’affirme sans sourciller. En revanche, les crédits consacrés à la transmission des savoirs et la démocratisation culturelle (760 millions) sont en baisse de 64 millions, notamment en raison d’une diminution des crédits du pass Culture de 40 millions. Quant à l’audiovisuel public, il sombre avec une chute de plus de 100 millions d’euros.
“Depuis que je suis ministre de la Culture, il devait effectivement y avoir des coupes, il n’y en a pas eu.”
FAUX. Soit Rachida Dati a la mémoire courte, soit elle dispose d’une faculté à oublier dans l’instant tout ce qui fâche, soit elle n’a aucun complexe à asséner crânement des contrevérités. Rayez les mentions inutiles. En réalité, à peine plus d’un mois après son arrivée au ministère en janvier 2024, le gouvernement Attal amputait le budget de la Culture de 204 millions d’euros.
En octobre 2024, elle présentait avec fierté un budget en très légère augmentation de quatre millions d’euros alors que nombre d’autres ministères devaient composer avec des crédits en baisse. Quelques semaines plus tard, elle arrive même à décrocher 200 millions de crédits supplémentaires pour le patrimoine. L’éclaircie sera de courte durée. Le gouvernement de Michel Barnier puis celui de François Bayrou vont coup sur coup exiger des coupes de presque tous les ministères au nom du redressement des comptes publics. La Culture n’est pas épargnée. Pour finir, le ministère perd 85 millions d’euros entre le projet de budget présenté en octobre 2024 et celui effectivement adopté par le Parlement en février 2025.
Le ministère de la Culture n’a pas fait l’objet d’une nouvelle coupe de 110 millions d’euros, selon la ministre.
FAUX. Comme nous l’écrivions il y a une semaine, un décret paru au Journal officiel le 25 avril annule près de 5,7 milliards d’euros de crédits dans le budget de l’État. La culture y laisse une fois de plus des plumes : 114 millions d’euros, dont 47 millions pour le spectacle vivant et les arts visuels, 41 pour le patrimoine ou encore 10 pour le livre.
Quand Rachida Dati conteste cette baisse, elle joue en réalité sur les mots. Son ministère ne nie d’ailleurs pas l’annulation de crédits — comment le pourrait-il ? — mais prétend que celle-ci n’aura aucun...
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