
Le centre dramatique dévolu au renouveau de l’écriture théâtrale fête ses 50 ans et inaugure enfin son nouveau lieu au cœur du 20e arrondissement de Paris, loin des polémiques autour de son expulsion de la cité Véron, il y a trois ans. Rencontre avec Caroline Marcilhac, sa directrice.
Théâtre Ouvert, institution consacrée aux écritures contemporaines imaginée il y a tout juste cinquante ans par Lucien et Micheline Attoun, devenue centre dramatique national en 1988, avait été contrainte, par son bailleur privé, de quitter avant 2019 son lieu historique de la cité Véron (Paris 18e), derrière le Moulin Rouge. Françoise Nyssen, alors ministre de la Culture, avait décidé dès la fin janvier 2018 sa relocalisation sur le site de l’ancien Théâtre de l’Est parisien – devenu entre-temps Le Tarmac, scène dédiée à la francophonie.
Annoncée avant que cette dernière ne ferme la saison suivante pour d’impérieux travaux de rénovation (étanchéité, assainissement, isolation), la nouvelle avait provoqué une polémique sur le thème : pourquoi déshabiller l’un pour habiller l’autre, et n’avoir plus, à la fin, qu’un théâtre au lieu de deux ? À l’heure où Théâtre Ouvert rouvre enfin dans ses nouveaux locaux au 159 de l’avenue Gambetta (Paris 20e), avec un an de retard en raison des confinements successifs, Caroline Marcilhac, qui le dirige avec persévérance depuis janvier 2014, reprécise les ambitions du lieu et son importance dans le paysage théâtral d’aujourd’hui.
Quel est votre état d’esprit avant l’inauguration prévue ce soir, mercredi 15 septembre ?
C’est l’excitation des retrouvailles ! Mais nous ne sommes pas restés sans rien faire pendant les travaux... Nous avions trouvé abri à la MJC des hauts de Belleville, tout en menant de nombreuses résidences à la MC93 de Bobigny, à Lilas en Scène, au Théâtre de la Tempête, au T2G de Gennevilliers, au Théâtre des Quartiers d’Ivry, et même à la scène nationale de Mulhouse où nous avons accompagné des projets qui ont trouvé une première issue en vidéo (Comme la mer, mon amour, d’Abdellah Taïa et Boutaïna El Fekkak, par exemple). Dès février dernier, un proscenium monté devant le grand plateau nous avait aussi permis d’accueillir les écoles supérieures de théâtre dont nous sommes partenaires (l’École du Nord à Lille, l’ESTBA à Bordeaux, l’ESAD à Paris, celle du TNB à Rennes, comme le master Mise en scène et dramaturgie de l’université Paris Ouest-Nanterre). Les étudiants ont pu y présenter leur travail aux professionnels dès le printemps. Ils ont ainsi élargi leurs financements. L’un de ces projets a été retenu pour le prochain Festival Impatience, en décembre prochain.
Avez-vous augmenté vos espaces de travail et d’accueil du public ?
L’architecte Karine Petit (atelier Du cœur à l’ouvrage), choisie, avant que je n’arrive, par l’État, propriétaire des murs, n’avait jamais rénové de théâtre auparavant. Elle s’est révélée très à l’écoute de nos usages. Les deux salles (260 et 95 sièges) ont chacune un plateau plus grand qu’à la cité Véron. Et l’on dispose maintenant...
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