
La rentrée parisienne est intense avec 150 pièces à l'affiche. Certaines, comme « Art » ou « Dernier coup de ciseaux », explosent les compteurs. Concepts innovants, distributions audacieuses, auteurs à succès… tour d'horizon des atouts clés.
Cette rentrée théâtrale parisienne est foisonnante avec 150 pièces à l'affiche dans une soixantaine de salles privées, sans parler des scènes publiques. « Pour amortir les coûts fixes et répartir les risques, chaque théâtre programme trois à quatre pièces selon les horaires et les jours, contre une seule il y a vingt ans » explique Sébastien Azzopardi, codirecteur du Palais-Royal, du Michel et du Saint-Georges.
« Mais le nombre de spectateurs, lui, n'évoluant pas aussi vite que celui des représentations, la fréquentation se dégrade alors que le prix moyen reste stable », pointe Caroline Verdu, vice-présidente du pôle théâtre du syndicat Ekhoscènes. Sortir du lot est donc un impératif.
« Un succès donne le temps de réfléchir à comment se renouveler, permet de se risquer à produire des choses étonnantes », précise Sébastien Azzopardi. Ainsi « Dernier coup de ciseaux », une comédie policière donnée 4.000 fois depuis près de 15 ans devant plus d'un million de spectateurs, « a non seulement fait vivre le théâtre des Mathurins de 400 places mais aussi financé les frais de création d'un autre spectacle à 19 heures », se félicite Stéphane Engelberg, co-directeur du théâtre Montparnasse.
Car une création coûte cher : Jean-Marc Dumontet a investi 330.000 euros pour « Le Cercle des poètes disparus » qui met onze comédiens sur scène et remplit les 940 places du Théâtre Libre. Et il lui a fallu 2 à 3 ans pour développer « En thérapie », bientôt à l'affiche du théâtre Antoine de 750 places.
Alors quels sont les ingrédients pour qu'une pièce « cartonne » ? Revue des recettes de quelques blockbusters.
· Une distribution décalée
Quand Stéphane Engelberg a programmé « Art » de Yasmina Reza, créé en 1994 avec Pierre Arditi, Fabrice Luchini et Pierre Vaneck, traduite en 35 langues et jouée dans 12 pays, il pouvait s'attendre à remplir. Mais la reprise par trois ex-Deschiens - Morel, Saladin et Broche - que l'on n'attendait pas dans ce registre germanopratin autour d'un tableau d'art contemporain, explose les compteurs.
« Je n'ai jamais vu un démarrage pareil. Les meilleurs jours, on vend l'équivalent de 7 salles de 700 places ! » assure-t-il. A l'affiche du théâtre Montparnasse depuis le 27 août, le spectacle vient d'être prolongé de fin décembre à début mars.
· Un scénario qui engage et surprend le spectateur
« Dernier coup de ciseaux » comporte une part d'improvisation : c'est au public de résoudre l'enquête. Idem pour « L'Embarras du choix », présenté 1.500 fois en cinq ans, où le public coécrit l'histoire. Seul bémol, selon Stéphane Engelberg : « Cette part d'improvisation peut inquiéter les élus locaux et rendre plus compliqué les tournées dans les théâtres municipaux. »
Dans « Le Tour du monde en 80 jours » - ou plutôt en 80 fous rires - joué 3.300 fois, ce concept de cinq comédiens jouant 30 rôles, avec un découpage très cinématographique, plaît. Un filon appliqué à « Mission Florimont », une folle chevauchée de 5 comédiens jouant 50 rôles depuis 16 ans.
· Des auteurs « machines à tubes »
Alexis Michalik est un multirécidiviste avec « Le Porteur d'histoire », « Passeport », « Edmond » joué 2.000 fois, « Les Producteurs » qui a rempli l'an dernier 370 fois une salle de plus de 1.000 places et reprend jusqu'en avril pour 170 dates… Idem pour Jean-Philippe Daguerre avec « Adieu Monsieur Haffmann », en scène huit ans et demi, « Le Petit coiffeur », six ans et toujours en tournée, « Du charbon dans les veines » à Paris et en région. Et dans le genre comédie légère, Patrick Haudecoeur est là avec « Thé à la menthe ou...
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