
Portant au cœur leur territoire d’origine, certains artistes assument de tirer le filon de l’identité, pour le plus grand bonheur des collectivités.
«On n’est pas d’un pays, mais on est d’une ville », chantait Bernard Lavilliers en 1975, au sujet de Saint-Etienne (172 600 hab.). A une époque où la cité vibrait pour les exploits de ses footballeurs, l’artiste convoquait, lui, la dimension industrielle de Saint-Etienne, reprenant à son compte l’imaginaire de cette ville ouvrière aux racines populaires, alors noircie par l’exploitation du charbon.
« Le fait que certains artistes s’inscrivent dans la construction de l’identité de leur ville illustre le lien très fort qui les unit au territoire. Cet ancrage résonne comme une force sidérante pour les habitants », analyse Marc Chassaubéné, adjoint au maire (LR) de Saint-Etienne, chargé de la culture. « Ces artistes racontent leur ville et ses habitants, notamment les jeunes, leurs souffrances et leurs rêves », partage Jean-Marc Coppola, adjoint au maire (DVG) de Marseille (877 200 hab.), également aux manettes des affaires culturelles. « Marseille fait partie de ces territoires où les habitants sont très attachés à leur identité. Elle est plurielle et est le fruit de l’apport de populations diverses, constituant une vraie source d’inspiration pour les artistes », souligne-t-il.
Surfer sur le succès
D’IAM, dans les années 1990, au récent porteur de la flamme olympique Jul aujourd’hui, la cité phocéenne a principalement ancré son identité culturelle autour du hip-hop et du rap. De quoi rapprocher Marseille de plusieurs départements d’Ile-de-France, où une kyrielle de rappeurs a façonné l’image de la banlieue parisienne.
Mais en étant systématiquement associée au rap, Marseille s’expose aux clichés peu flatteurs qui entourent parfois ce milieu. Ce n’est pas un frein pour la municipalité, qui nourrit même le projet d’une maison du hip-hop visant à aider les artistes émergents. L’occasion de surfer sur cette part de l’identité culturelle marseillaise, même si Jean-Marc Coppola réfute toute « recherche d’instrumentalisation ».
A Marseille comme ailleurs, les municipalités ont bien compris le bénéfice qu’elles peuvent tirer du succès d’un artiste du cru. Certaines se montrent très offensives, à l’image de Rouen (116 300 hab.), la ville aux cent clochers, qui mise sur des personnalités artistiques locales connues des Français, comme le DJ Petit Biscuit ou l’actrice Karin Viard, pour promouvoir sa campagne de marketing territorial « Rouen carrément barré », lancée en 2022. « C’est une belle manière de nous faire connaître et de consolider notre candidature pour devenir capitale européenne de la culture en 2028 », avait alors argué le...
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