
L’Académie Fratellini, mythique école de cirque, rouvre ses portes après trois ans de travaux. Des bâtiments mieux adaptés aux nouvelles pratiques et un tour de force écologique.
Main au menton, yeux en l’air, les artistes de la Horde dans les pavés arpentent le parvis dallé entouré du grand chapiteau et de la halle. Ils repèrent les lieux : ici, deux acrobates escaladeront le nouveau toit, là ils s’empareront des chevrons de chêne qui bardent désormais l’entrée principale. Prendre possession des lieux pour mieux en révéler la beauté, c’est la spécialité de La Horde dans les pavés, invitée avec une dizaine de compagnies à célébrer l’inauguration de la nouvelle Académie Fratellini ces samedi 4 et dimanche 5 octobre. Il faut dire que ces nouveaux bâtiments leur offrent une piste idéale. Au cœur du quartier d’affaires de béton et de verre de la Plaine Saint-Denis, cet îlot de bois et de verdure vient de s’agrandir de 2 000 mètres carrés de construction neuve pour accueillir comme il se doit les apprentis de la plus ancienne école de cirque contemporain du pays.
Dans la halle principale, qui a bénéficié d’une importante rénovation, les 26 élèves sont en pleine répétition. Ils présentent en ce week-end d’inauguration une création inédite qui regroupe les trois dernières promotions. Les trapèzes et les cerceaux aériens viennent juste d’être fixés et servent pour la première fois. Quilles, balles, monocycle, corde lisse, poutre… chaque discipline est représentée. « L’idée, bien sûr, c’est de mettre en avant les savoir-faire de l’Académie », précise Pauline Barboux, ancienne de l’école, directrice de la compagnie L’Envolée Cirque et en charge de la chorégraphie du spectacle.
Et un coup de neuf, l’Académie Fratellini en avait bien besoin. « On avait clairement des problèmes de place et aussi de chauffage », se souvient Pauline Barboux. Et les apprentis autour d’elle d’acquiescer : la halle principale, alors en tôle et en bois, n’était jusqu’alors pas reliée directement aux vestiaires. « En plein hiver, les élèves devaient sortir dans le froid après avoir transpiré des heures avant d’accéder aux douches », déplore Stéphane Simonin, directeur de l’Académie.
La halle a donc été isolée en paille et en terre cuite, sa structure renforcée de nouvelles poutres et prolongée par un auvent. « Le tout a été pensé pour préserver l’âme de ce bâtiment », souligne Anne-Cécile Comar, associée de l’Atelier du Pont, l’agence d’architecture qui a imaginé les rénovations. Car, quand elle est sortie de terre en 2003, cette halle posée sur le bitume du parking d’une ancienne friche industrielle était le fruit d’un geste fort signé des architectes Patrick Bouchain et Loïc Julienne. 25 ans plus tard, elle avait besoin d’un bon coup de neuf. Débarrassée des bureaux qui encombraient son centre – déplacés dans une nouvelle aile créée pour l’occasion –, cette halle est redevenue un espace chaleureux, lumineux et modulable. Ici peuvent se tenir les cours amateurs, les répétitions, mais aussi des événements privés. Les trois studios attenants dédiés à la formation des apprentis ont également été rénovés et mis aux normes.
Une démarche environnementale exemplaire
Une nouvelle salle est aussi sortie de terre, s’ajoutant au petit et au grand chapiteaux qui accueillent les représentations : une boîte noire frontale avec coulisses, 180 places assises, des gradins rétractables et des accroches multiples. « Aujourd’hui, 80% des spectacles de cirque se créent de manière frontale et non circulaire, précise Stéphane Simonin, principalement pour des questions de diffusion. » Cette nouvelle salle est donc mieux adaptée pour accueillir les formes contemporaines, comme la nouvelle magie qui a le vent en poupe, mais qui a besoin d’un accès aux coulisses et s’imagine donc plus difficilement sous...
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