Selon le bilan dressé par le site Tous les festivals, seuls 15 % des événements prévus l'an dernier ont eu lieu. Il montre aussi la détermination des organisateurs à programmer une édition 2021, quitte à en adapter les formats. Le soutien du public, des mécènes et des collectivités territoriales les y encourage.
Pour la cinquième année, le site « Tous les Festivals » dresse son bilan du secteur en France. Mais cette fois, à la place du classement des événements les plus fréquentés, il fait un état des lieux du secteur, sinistré l'an dernier par la crise sanitaire, et révèle des projections optimistes, 94,4 % des organisateurs comptant fermement sur une édition 2021 malgré les incertitudes quant à l'évolution de la pandémie de Covid-19. « L'enquête a été menée au moment où l'on annonçait l'arrivée de vaccins. Aujourd'hui, avec la lenteur prise par la vaccination, on n'aurait peut-être pas le même enthousiasme », nuance d'ailleurs le fondateur du site, Quentin Thomé.
Pour l'année passée, selon le panel représentatif de 198 festivals de musiques actuelles, dont 28 % ont accueilli en 2019 plus de 15.000 spectateurs, interrogé entre le 7 et le 21 décembre, 85 % n'ont pu se tenir à cause de l'épidémie. Nombre d'entre eux sont néanmoins restés mobilisés, un festival sur dix ayant réalisé une édition numérique avec des concerts exclusifs préenregistrés pour 76,5 % d'entre eux, des rediffusions d'anciens concerts (70 %), des concerts en livestream (35 %), sans compter des documentaires inédits, podcasts, émissions radio, conférences en direct, ateliers, également proposés.
Parmi les 15 % de festivals s'étant déroulés quasi normalement, les trois-quarts ont eu lieu entre juillet et septembre, dans des formats souvent réduits, avec en moyenne 3.000 festivaliers.
Solidarité renforcée
Les annulations ont sévèrement impacté l'emploi, alors que 54 % des organisateurs avaient prévu de recruter de 1 à 50 renforts saisonniers et même plus d'un millier pour 1,5 % d'entre eux. Les aides ont toutefois sauvé les permanents : pour 34 % des festivals, entre 80 et 100 % des effectifs ont été mis en chômage partiel et plus de 9 festivals sur 10 ont passé la période sans aucun licenciement.
Les deux-tiers des événements ont bénéficié en outre de soutiens des collectivités territoriales ou du Centre national de la musique.
En cette période difficile, les festivals se sont serré les coudes, la moitié a adhéré à des syndicats (Prodiss, SMA…), signé des appels (Festivals 2021 On y Croit, Appel des Indépendants…) ou participé à des concertations comme les Etats Généraux des Festivals.
Une grande part des festivaliers étant déjà en possession d'un ticket lorsque l'annulation a été décidée, quatre événements sur dix leur ont proposé un report. Et pour les 56 % des manifestations qui ont donné cette option, c'est plus de la moitié des billets qui ont été conservés. Le Hellfest n'a même enregistré que 300 demandes de remboursement sur plus de 180.000 spectateurs et le public des Vieilles Charrues a conservé sa place, à 98 % !
En outre, 81 % des festivaliers se disent prêts à payer leur pass 2021 un peu plus cher pour soutenir leur festival préféré. Déjà 16 % des événements ont lancé une cagnotte en ligne et 27 % du merchandising afin que leurs supporters s'offrent un souvenir. Près du tiers des spectateurs ont répondu favorablement à ces appels et fait un don.
Dans 69 % des cas, plus de la moitié des sponsors et mécènes ont également prorogé leur soutien pour 2021 et pour 8 % des festivals, c'est l'intégralité des partenaires qui a maintenu son apport. « Cela illustre l'attachement des entreprises régionales à leur territoire, alors que les mécènes ayant une stratégie nationale voire internationale se sont plus volontiers désistés », observe Quentin Thomé, par ailleurs chargé du mécénat de Jazz à Vienne.
Horizon incertain
Pour 2021, huit organisateurs sur dix se disent capables de mettre en place des règles strictes en matière de gestes barrières, un sur deux de proposer des tests antigéniques à l'entrée. Un quart est prêt à passer en 100 % assis si besoin à l'instar des Vieilles Charrues (270.000 spectateurs en 2019), et 40 % ont diminué leur jauge comme le Printemps de Bourges (en avril 2021) qui a supprimé sa plus grande scène. Enfin, 12 % vont allonger la durée du festival pour mieux répartir le public.
Si 30,5 % des événements vont reprogrammer de 80 à 100 % de leur affiche de 2020, le doute sur la venue des artistes étrangers persiste. D'ailleurs, un tiers des festivals va diminuer ou supprimer sa programmation internationale en prévention des difficultés à voyager. Pour l'heure, les Vieilles Charrues ont toujours l'accord de principe de Céline Dion. Economies obligent, 17 % des festivals comptent réduire le nombre d'artistes.
Ce début d'année sera décisif, avec la nécessité d'accélérer la...
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