La ministre de la Culture Roselyne Bachelot s’est entretenue ce lundi matin avec des directeurs de musées, de centres d’art et de monuments historiques afin de mettre en place un protocole sanitaire commun, alors que les initiatives des professionnels se multiplient.
«Pourquoi les musées ne sont-ils pas ouverts en comparaison avec d’autres équipements ?» s’interroge Fabrice Bousteau, directeur et rédacteur en chef de Beaux Arts Magazine. C’est la grande question que se pose, inlassablement, le monde de la culture. A l’image de l’acteur Pierre Niney qui, dans un tweet, interpellait dimanche le président de la République et la ministre de la Culture : «100 jours sans aucun musée, mais avec tous les lieux de cultes. 100 jours sans aucun cinéma, mais avec tous les grands magasins. 100 jours sans aucun théâtre, mais avec tous les avions où l’on mange en même temps… 100 jours d’incompréhension…»
L’incompréhension, c’est en partie ce qui a poussé l’ensemble de la presse artistique à envoyer dimanche une lettre ouverte à Emmanuel Macron. Avec un constat : «toutes les conditions sont réunies pour pouvoir rouvrir les musées avec un protocole sanitaire garantissant qu’il n’y ait pas de diffusion de Covid, à l’instar de l’Italie et l’Espagne», explique Fabrice Bousteau, cosignataire de la lettre. Pour lui, ne pas rouvrir les musées est «une aberration» : «Dans un musée on ne touche rien, donc il y a beaucoup moins de risque que dans un équipement culturel comme un cinéma, une salle de spectacle, où l’on est côte à côte. Ce sont aussi en général des surfaces avec des hauteurs sous plafond très élevées, ce qui permet de limiter totalement la transmission du Covid», argue-t-il.
Cette situation met également en danger «un nombre incroyable de professions aujourd’hui au chômage total» comme les gardiens de musées, les conférenciers ou encore les graphistes, poursuit le directeur de Beaux Arts Magazine. Sa publication a également perdu «beaucoup d’argent» en produisant et éditant le hors-série de l’exposition Noir & Blanc au Grand Palais, finalement annulée.
«Aucune fatalité sanitaire»
La presse artistique n’est pas la seule à donner de la voix. Ces derniers jours, pétitions et tribunes se sont succédé, appelant à rouvrir les musées. Le 31 janvier, un collectif de personnalités a ainsi signé un texte dans le Monde, plaidant pour la réouverture immédiate des lieux d’art et de patrimoine. «On peut aujourd’hui s’évader au musée Hergé à Louvain-la-Neuve, au Prado à Madrid, aux Offices à Florence et à la Villa Vauban à Luxembourg, mais ni au Mucem de Marseille ni à l’exposition Chanel du Musée de la mode de Paris et pas plus au Mont-Saint-Michel… Il n’y a donc aucune fatalité sanitaire à la fermeture des musées en Europe», écrivent les signataires. Le 2 février, c’est au tour de la directrice du Palais de Tokyo, Emma Lavigne, de publier une pétition envoyée à Roselyne Bachelot. Signée par plusieurs centaines de responsables de lieux culturels, cette dernière appelle à ce que musées, Frac, écoles, fondations et centres d’art puissent rouvrir avec un protocole sanitaire bien précis. Enfin, ce lundi dans Télérama, douze directeurs et directrices de théâtres publics appellent le gouvernement à rouvrir les musées, une «première pierre pour redonner un peu d’espoir et de joie».
Face à une pression croissante, Roselyne Bachelot assurait ce lundi matin sur BFMTV que les musées et les monuments seraient les premiers à rouvrir «quand nous aurons une décrue» du nombre de contamination par le Covid-19. La ministre ne s’est pas risquée à donner une date, précisant toutefois que «ça peut être assez rapide» mais qu’«un musée ça ne s’ouvre pas comme on allume la lumière dans une pièce».
«Protocole commun de réouverture»
Un peu plus tard dans la matinée, la ministre de la Culture, accompagnée du ministre de la Santé, Olivier Véran, s’est entretenue en visioconférence avec une cinquantaine de directeurs de musées, centres d’art et monuments historiques français. Pour Jean-François Chougnet, président du Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem) à Marseille, présent à la réunion, ce rassemblement virtuel a permis de montrer le «désir quasi unanime de réouverture» des directeurs d’établissement culturel «quitte à prendre le risque d’une refermeture». «Il y a eu une excellente écoute, probablement facilité par la lettre ouverte que nous avons cosignée avec Emma Lavigne, même s’il y a eu peu de choses nouvelles qui aient été dites. La question de l’urgence culturelle a été prise en compte mais nous n’avons par exemple pas de date précise de réouverture», confie le président du Mucem qui se dit prêt à rouvrir son établissement dans les vingt-quatre heures à quarante-huit heures. Horaires, nombre de personnes au mètre carré, visite des établissements scolaires ou non : «La réunion avait plutôt pour objectif de préparer le protocole commun de réouverture une fois que les décisions seront prises», précise le président du Mucem. Des décisions qui devraient être débattues «dans le courant de la semaine» au niveau interministériel.
«Nous ne sommes pas...
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