Le producteur de concerts et de spectacles, cogérant de la société Alias, estime que les conditions posées pour la reprise d’activité sont intenables pour un secteur sinistré.
Cogérant, depuis 1992, avec Hélène Rol et Dominique Revert, de la société Alias Production qui compte plus de trois cents artistes dans son catalogue, Jules Frutos, qui a organisé les premières tournées françaises de The Cure, représenté Eurythmics, The Clash, Lou Reed et Peter Gabriel, réagit aux règles sanitaires imposées aux salles de concert en raison de la pandémie de Covid-19.
Comment l’impact du Covid-19 se traduit-il sur votre société de production, Alias ?
Depuis mi-mars, nous avons annulé plus de trois cents concerts. Presque les deux tiers ont été reportés entre septembre et février 2021. Tous les grands concerts ont été déplacés en 2021. Les calendriers sanitaire et politique n’étant pas très ajustés, jusqu’à l’annulation des festivals, ç’a été excessivement chaotique.
J’ai appliqué immédiatement le dispositif du chômage partiel aux douze salariés d’Alias, en sachant que les perspectives de redémarrage n’interviendront pas avant 2021. Les salles de spectacle et de concert ont été les premières à être fermées et seront les dernières à rouvrir.
Quelles ont été les réactions de vos artistes internationaux [Agnes Obel, Damon Albarn, Foals, Muse, The Cure, Noel Gallagher…] et de leurs agents ?
Au début, c’était assez confus parce que le virus n’était pas actif de la même façon dans les pays anglo-saxons. Quand tous les festivals d’Europe ont été annulés, la majorité des artistes nous ont suivis dans les reports des concerts. Tous ont fait un effort.
Comment les artistes français de votre catalogue [Saez, Bénabar, Lou Doillon, Last Train…] vivent-ils cette période ?
Comme nous, avec la peur, pour eux et leurs proches. En plus, ils ont leur relation au public, la crainte de le perdre et le besoin de lui montrer qu’ils l’aiment. Cela a donné ce que les réseaux sociaux permettent, des aventures musicales live, les cours de cuisine de Mika, des rendez-vous hebdomadaires de lectures et de chansons avec Lou Doillon.
L’idée de renforcer les quotas d’œuvres francophones sur les antennes est évoquée pour aider le secteur. Qu’en pensez-vous ?
Comme dans le cinéma, j’aime bien la façon d’aider en finançant, mais pas en interdisant. Le public doit pouvoir écouter ce qu’il veut. Les quotas prennent une importance très relative avec le streaming.
Que vous inspirent les préconisations sanitaires du ministère de la culture ?
Le ministère de la culture, c’est notre ministère de tutelle qui, paradoxalement, nous a toujours ignorés. A la DGCA [direction générale de la création artistique], le monde subventionné du concert nous considère comme des...
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