Pour permettre à chacun de lutter efficacement contre la censure, l’Observatoire de la liberté de création a analysé l’évolution des modes de censure et des motivations guidant leurs acteurs et donné naissance à un ouvrage sans équivalent.
Entretien avec Maître Agnès Tricoire, Jean-Claude Bologne et Daniel Véron, co-délégués de l’Observatoire de la liberté de création et co-directeurs de l’ouvrage
Un ouvrage sur la censure... Pourquoi ?
La liberté de création, qui protège les œuvres artistiques et littéraires, n’est entrée dans un texte de loi qu’en 2016 et a été longtemps confondue avec la liberté d’expression, qui protège la diffusion des idées. Pour cette raison, elle a été fortement attaquée depuis une vingtaine d’années, d’abord devant les tribunaux, puis par des attaques extra-judiciaires (pétitions, manifestations, bashing…). Il devenait urgent de faire le point sur quelques grands dossiers (13) qui ont marqué cette période (affaire Orelsan, Exhibit B, Les Suppliantes…), de les analyser en profondeur avec une grille de lecture unique qui fasse ressortir les spécificités de la liberté de création et démonte les arguments fallacieux qu’on lui oppose.
Par qui ?
L’Observatoire de la Liberté de Création s’est constitué en 2002 au sein de la Ligue des Droits de l’Homme. Il réunit une quinzaine d’organisations représentant tous les genres artistiques, des personnalités, littéraires, philosophes, producteurs, juristes, qui mettent leur savoir et leur analyse en commun pour soutenir les artistes et les auteurs victimes de censure ou de répression pénale. Son manifeste, publié en 2003, a posé d’emblée la spécificité de la liberté de création. Son action, pendant près de vingt ans, a contribué à préciser la jurisprudence puis la législation qui l’encadre. Une tribune publiée en 2018 dénonce les nouvelles censures qui, trop souvent, invoquent de justes causes (féminisme, antiracisme…) pour s’en prendre aux auteurs et aux artistes en confondant la création et l’expression des idées.
Pour qui ?
Avant tout pour les victimes de la censure, auteurs et artistes, mais aussi éditeurs, diffuseurs, galeristes, programmateurs … souvent démunis face aux menaces ou aux demandes de censure. Ils y trouveront des armes pour se défendre et un éclairage sur des affaires similaires. Mais aussi pour les responsables politiques sensibles à la pression médiatique et qui leur cèdent trop facilement. La culture a besoin de leur soutien, commandes ou subventions. Par crainte des réactions, ils deviennent les outils de nouvelles censures qui ne passent plus par la voie judiciaire. Pour les magistrats et les juristes, qui auront à appliquer ou analyser la nouvelle loi et qui trouveront ici du matériau pour leur réflexion. Pour les nouveaux censeurs, animés des meilleures intentions mais qui n’ont pas suffisamment réfléchi aux moyens qu’ils mettent en œuvre. Et plus largement, pour tous ceux qui veulent comprendre cette mutation récente de notre société.
Ce livre peut être commandé ici.