
Deezer signalera désormais les morceaux entièrement générés avec l’intelligence artificielle (IA). Une décision qui s’inscrit dans la stratégie de la plateforme française de streaming pour la protection des créateurs d’œuvres musicales.
Voilà un nombre qui donne le vertige : en avril 2025, 18 % des nouvelles musiques publiées chaque jour sur la plateforme de streaming Deezer étaient entièrement générées par intelligence artificielle (IA), soit plus de 20 000. Plus impressionnant encore, ce phénomène est en augmentation de 10 % par rapport au début de l’année. Mais la plateforme française lancée en 2007 et comptabilisant 120 millions de titres en 2024 a décidé de ne pas rester les bras croisés.
Vendredi 20 juin, son directeur général Alexis Lanternier a déclaré que les morceaux générés à 100 % par IA seront désormais signalés par la mention : « Contenu généré par IA, certains morceaux de cet album peuvent avoir été créés à l’aide de l’intelligence artificielle. » L’objectif ? « S’assurer (…) qu’on ne prend pas les droits d’auteur qui doivent aller aux artistes », souligne le patron de l’ex-licorne.
Et il ne s’agit pas de la première initiative du géant du streaming contre ces contenus viraux. Après un an de travail, Deezer annonçait avoir déposé, fin décembre 2024, une demande pour deux brevets sur des outils permettant de détecter la musique générée par IA.
Deezer exclut les morceaux générés par IA du calcul des écoutes
Une technologie qui ne nécessite pas de s’entraîner sur des bases de données importantes. Elle est en effet capable de repérer des marqueurs spécifiques à l’intelligence artificielle dans les contenus musicaux créés via des applications comme Suno et Udio. « Le signal audio, c’est un nombre d’informations extrêmement complexe. Quand les algorithmes d’IA génèrent de la nouvelle chanson, ils ont des espèces de petits bruits qui les identifient, propres à eux (…) qu’on va pouvoir retrouver. Ce n’est pas audible à l’oreille mais c’est visible dans le signal audio », explique Alexis Lanternier, qui ajoute que leur outil est « fiable à 98 % ».
Si la plateforme ne retire pas pour autant ces contenus de sa bibliothèque, ils ne sont pas comptabilisés dans le calcul des écoutes et sont exclus des recommandations, afin de ne pas diluer l’assiette de royalties et donc de favoriser les artistes et auteurs-compositeurs. Une décision qui va dans le sens de l’accord signé en janvier avec la Sacem — l’organisme français qui gère les droits d’auteur — pour mieux rétribuer les artistes.
L’engagement de la plateforme, dont le chiffre d’affaires (CA) a atteint 541,7 millions d’euros en 2024 (+ 11,8 % par rapport à 2023), pour la protection des créateurs d’œuvres musicales et la transparence n’est pas nouveau. En octobre dernier, elle est devenue la première plateforme de streaming à signer la déclaration mondiale contre l’utilisation non autorisée d’œuvres créatives pour entraîner les IA génératives.
Et d’autres acteurs du secteur font front. Au printemps 2024, le label Sony Music avait contacté 700 entreprises de la tech, en leur demandant de ne pas utiliser sans autorisation les créations de ses artistes pour entraîner leurs intelligences artificielles.
Lutter contre l’utilisation frauduleuse de l’IA dans la musique
Il faut dire que depuis quelque temps, la création de musiques par IA est devenue un business à part entière. En septembre 2024, un communiqué publié par les juges du Tribunal fédéral de l’Etat de New York détaillait les chefs d’accusations contre Michael Smith, un Américain soupçonné d’avoir...
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