
Véritable machine à saynètes, la ministre de la Culture, dont la venue dans la cité des papes est encore incertaine, pourrait partager la scène avec les comédiennes les plus chevronnées.
Viendra ? Viendra pas ? Le suspense entoure la venue de la ministre de la Culture dans la cité des papes. Il se murmure même que la CGT spectacle, qui, pour protester contre «des coupes budgétaires» aux «effets catastrophiques», a appelé le 3 juillet à ne pas jouer si Rachida Dati posait ne serait-ce qu’un orteil manucuré à Avignon, aurait posté des militants dans les remparts pour bombarder de tracts le moindre convoi ministériel. Sachant les dispositions de la principale intéressée, il est probable que cet appel à ne pas venir lui donne justement très envie de prendre des billets, et de débarquer tel le gêneur des vaudevilles version Dior pour faire coucou dans la Cour d’honneur.
C’est que Rachida Dati pourrait en remontrer à bien des divas qui foulent les plateaux avignonnais. Capable de prêcher le faux, de retourner des énoncés simples, et de transformer une interview banale en incroyable performance, la ministre est devenue une machine à saynètes, qu’elle dramatise comme une pro.
Ainsi de ce grand moment télévisé dans C à vous, pendant lequel elle a pris à partie les journalistes qui lui faisaient face, et en particulier l’éditorialiste Patrick Cohen osant (le dingue !) lui poser une question sur les honoraires qu’elle aurait perçus de GDF Suez alors qu’elle était au Parlement européen, une affaire assez manifeste de conflit d’intérêts. A peine attaquée, elle riposte sèchement, piochant dans un petit monologue des termes judiciaires balancés au pif, puis contre-attaque, comme Cyrano sans les alexandrins : Patrick Cohen lui-même n’aurait-il pas des petites casseroles ? En face, ses interlocuteurs se figent en masques ahuris : les voici sur une scène de boulevard, devenus des personnages secondaires un peu pouilleux face à la mégère de service, ou dans un petit théâtre de l’absurde face à la prof folle.
«Bien sûr que si !» est son gimmick, également asséné dans l’hémicycle ou en commission des affaires culturelles. «Vous ne savez rien de ma vie, madame !» «Bien sûr que si !» On trouve dans les comptes rendus de...
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