
Entre autres contrevérités professées sur un ton bravache, la ministre de la Culture a déclaré dans la matinale de France Inter, ce mercredi 7 mai, que le budget de son ministère était en augmentation. Les chiffres disent pourtant le contraire.
En phase de trumpisation de plus en plus flagrante, la ministre de la Culture Rachida Dati a, ce mercredi 7 mai à l’antenne de France Inter, égrené les approximations et les outrances comme on enfile des perles. Avec une décontraction totale et un aplomb grossier. Soufflant tantôt le chaud, pour tancer par exemple cette actrice «perchée» dans tous les sens du terme, qui du haut de «ses talons de 12 cm à semelle rouge» avait osé lors de la dernière cérémonie des molières lui «donner des leçons sur la précarité». Tantôt le froid pour s’étonner tout sourire (un sourire qui même à la radio s’entendait) qu’il n’y ait plus le temps pour un échange avec les auditeurs, sous-entendu les petites gens, de ceux qu’elle voudrait voir renouer avec l’usage du petit poste de radio, «comme [son] père autrefois sur les chantiers», quand la radio publique ne s’adresserait plus qu’aux «CSP + et aux vieux».
Même Léa Salamé, qui d’habitude rit aux bons mots de ce bulldozer made in France, a cette fois semblé séchée sur place par tant d’audace et a promis de procéder à quelques vérifications pour contrecarrer les contrevérités de Rachida Dati.
De notre côté, on passera pour l’heure les propos diffamatoires de la ministre de la Culture (qui a la presse dans son périmètre de responsabilité), interrogée à propos de l’enquête de notre confrère Laurent Léger sur l’affaire des bijoux non déclarés, qui n’a pas trouvé mieux que de le présenter comme «un proche d’Anne Hidalgo» et d’affirmer que Libération était financé par la mairie de Paris. Deux fake news.
Un coup de rabot passé à la trappe
Concentrons-nous pour l’instant sur une série de déclarations concernant le budget du ministère de la Culture. Rachida Dati l’a martelé : non, il n’y a pas eu de coupes, le budget aurait même augmenté depuis son arrivée rue de Valois en janvier 2024.
«Vous devriez être ministre de la Culture, vous avez des chiffres que je n’ai pas», raille Rachida Dati, en réponse à Léa Salamé qui lui énonce l’ensemble des réductions budgétaires prévues pour 2025 qu’elle reprenait «du Journal officiel». «Il n’y a pas eu de coupes au ministère» assène-t-elle ensuite. Et d’ajouter qu’Emmanuel Macron va finir son mandat avec 2 milliards en plus sur le budget de la Culture.
A bien y regarder, s’il est vrai que la loi de finances du 14 février 2025 entérine un budget culture quasi équivalent à celui de 2024 (qu’elle n’a par ailleurs pas construit puisque c’est sa prédécesseure Rima Abdul Malak qui l’avait bâti et consolidé), il est néanmoins en baisse de 3 millions d’euros par rapport à celui de l’an dernier. Il était de 4 641 millions d’euros en 2024, il est de 4 638 millions d’euros cette année.
Surtout, la ministre oublie le coup de rabot supplémentaire imposé par décret par le gouvernement le 25 avril pour le budget 2025. Sur les 3,1 milliards d’économies entérinées par le Journal officiel, des annulations de crédit de 114 millions ciblent le ministère de la culture. Des coupes sèches de 47 millions pour la création, 41 millions pour les patrimoines, 5 millions pour le soutien aux politiques du ministère de la culture et près de 21 millions pour la mission médias, livres et industries culturelles.
Un secteur exsangue dans tout le pays
Au-delà de la baisse tangible et chiffrée du budget de la culture, il faut aussi noter les réorientations plus souterraines : avec un budget «Patrimoines» qui augmente malgré les annulations de crédit surprises du mois d’avril et un programme «Transmission et démocratisation culturelle» qui au contraire, et à rebours du discours de la ministre qui s’est encore targuée sur Inter de s’être engagée comme...
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