
Lors de la Nuit des Molières, lundi soir, la ministre de la Culture a contesté que le budget de son ministère ait fait l’objet d’un gros coup de rabot. Or il est bien réel. Et potentiellement dramatique pour le spectacle vivant. Explications.
Les Misérables venaient tout juste de recevoir le Molière du spectacle musical quand la politique s’est officiellement invitée à la Nuit des Molières — retransmise lundi soir sur France 2. Il était l’heure, comme chaque année, de la minute syndicale interprétée avec humour et non sans talent par Didier Brice. Le comédien a rappelé que le budget de la culture avait été plombé par des baisses à répétition ces derniers mois et révélé à nombre de participants qui l’ignoraient que « Bercy avait annoncé samedi dernier une coupe supplémentaire de 100 millions d’euros ». Une annonce qui méritait bien un gros plan sur la ministre de la Culture, qu’on a alors vu s’écrier du fond de son fauteuil avec la main en porte-voix : « C’est faux. » Sauf que c’est vrai.
Un décret paru au Journal officiel le 25 avril dernier annule près de 5,7 milliards d’euros de crédits dans le budget de l’État. Objectif affiché : ramener en 2025 le déficit public de 5,8 % à 5,4 % du PIB. La culture, comme la plupart des autres ministères, n’échappe pas au coup de rabot. Et ce n’est pas 100 millions qu’elle perd, mais plus de 110, avec notamment une coupe de 47 millions pour le spectacle vivant et les arts visuels, 41 pour le patrimoine, mais aussi 10 pour le livre et autant pour les aides à la presse.
Au ministère de la Culture, on tente de minimiser cette nouvelle baisse de budget dans le spectacle vivant. « Nous avions conservé des crédits en réserve et, après cette annulation, nous n’en avons plus du tout », affirme un haut responsable de la Rue de Valois, « mais les budgets des Drac [Direction régionale des affaires culturelles] et de tous les établissements publics ont été construits sans cette réserve ». Autrement dit, si les caisses sont désormais à sec, personne dans le secteur n’aura à subir de nouvelles baisses de budget du fait de cette annulation. Et Rachida Dati pourra continuer à affirmer sans sourciller qu’il ne manque pas un euro de crédit au spectacle vivant cette année. On verra rapidement sur le terrain si cette assertion se vérifie, mais elle est possible, tant la haute administration du ministère est passée maître dans l’art d’anticiper le pire en matière budgétaire.
"La culture est un choix, ce n’est manifestement pas celui de ce gouvernement."
L’Union syndicale des employeurs du secteur public du spectacle vivant
Cette annulation de crédits n’est pas neutre pour autant. Elle prive dès aujourd’hui le ministère de tout moyen d’action pour le reste de l’année alors que nombre d’établissements, de festivals ou de compagnies de théâtre sont fragilisés par les baisses importantes de subventions des départements et des régions. Elle entraîne le...
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