
Une enquête conduite en juillet révèle que huit femmes sur dix ont subi des violences sexistes et sexuelles en milieu festif. Si depuis 2017 et #MeToo le monde des musiques électroniques s’est beaucoup sensibilisé, les appels aux boycotts d'artistes incriminés et les processus de sécurité commencent aujourd’hui à peine à fonctionner.
Un vendredi soir, dans un hangar. Dans la pénombre éclairée seulement par d’immenses néons rouges, deux gilets jaunes escortent un individu vers la sortie. Il a été signalé par une jeune femme un peu plus tôt dans la soirée : il l’a touchée sans son consentement, à plusieurs reprises. D’abord en observation, les équipes ont attendu de le prendre sur le fait accompli avant de l’exclure de l’événement.
Cette scène ne se serait probablement pas tenue il y a quelques années, avant #MeToo et le travail de l’association Consentis. En 2017, Domitille Raveau et Mathilde Neuville, la vingtaine, habituées du monde des musiques électroniques, fondent ce collectif qui se concentre sur les violences et harcèlements dans cet univers. Ce sont les premières à s’y consacrer. « On a vu une énorme mobilisation dans le milieu du cinéma mais pas dans le milieu festif, se souvient Domitille Raveau. Il fallait mettre un coup de pied dans la fourmilière ».
Elles conduisent alors une enquête, dont les résultats publiés en 2018 sont alarmants. Plus d’une femme sur deux (60%) témoigne avoir été victime de violences sexuelles dans un établissement festif. Commence alors une période de sensibilisation et de communication à propos du consentement.
Le filtrage et l’exclusion des personnes aux comportements problématiques
Cette année, l’association publie une autre enquête, cette fois portée sur les violences sexistes et discriminatoires (VSD). « Les espaces de fête en France ne sont pas sûrs pour tout le monde. Certaines personnes, en particulier les femmes et les personnes LGBTQIA+, y vivent des violences systématiques, souvent normalisées, rarement prises en compte », explique-t-elle dans son rapport.
L’enquête, conduite auprès de 3000 personnes entre septembre et novembre 2024, expose que 10% des participants aux milieux festifs ont subi un viol et que 8 femmes sur 10 y ont déjà vécu des violences. Elle donne aussi la parole aux hommes, 45 % d’entre eux estimant ne pas se sentir en sécurité en boîte de nuit. Pour les personnes non-binaires, le chiffre atteint les hauteurs de 63%.
D’où l’importance de former les professionnels des milieux festifs à mieux anticiper et réagir face à des situations dangereuses. En 2024, Consentis, désormais organisme de formation certifié par le ministère du Travail, a formé environ 1300 personnes aux VHSS. Parmi ces dernières, le personnel du groupe parisien Bonjour/Bonsoir, maison mère de quatre clubs parisiens : le Virage, le Badaboum, la Casbah et le Panic Room.
Aurélien Antonini, dirigeant du groupe, est aussi le représentant du syndicat Culture Nuit. Il sait que les pratiques de protection déjà actives ne sont pas suffisantes. « Nous sommes en train de construire avec Consentis un protocole de réaction commun à tous les clubs, avec par exemple une gestion en amont de ceux et celles qui ont été identifié·es comme des prédateur·ices ». Cela impliquerait, par exemple, un repérage et un filtrage dès l’entrée de personnes qui ont déjà eu un comportement problématique.
Désormais, les lieux festifs tentent de faire plus attention à ces derniers. Comme le club parisien essaim (la minuscule est volontaire), qui a été le premier à engager un référent VHSS. Et dès son ouverture en octobre 2024, le lieu dédié à la musique électronique communique abondamment les pratiques à respecter en promulguant une...
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