La pandémie de Covid-19 a vidé des salles de cinéma, qui peinent maintenant à refaire le plein. Des communes mettent en oeuvre des solutions qui ont faire leurs preuves pour motiver leur public. Un débat organisé le 19 mai en marge du Festival de Cannes par la Fédération national des collectivités pour la culture en a donné quelques illustrations
Qu’il s’agisse de tournages de films ou de fréquentation de salles, les collectivités jouent un rôle majeur dans l’écosystème du cinéma. A Cannes, à quelques pas du tapis rouge du festival, où la Fédération nationale des collectivités pour la culture (FNCC) organisait son premier évènement le 19 mai, les élus voulaient d’ailleurs montrer qu’ils prenaient leur rôle très au sérieux. Alors que la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19, et à la concurrence des plateformes, a vidé les salles de cinéma du pays, les collectivités multiplient les initiatives pour les remplir à nouveau.
Les cinémas dans les projets de développement local
En Provence-Alpes-Côte d’Azur, où le conseil régional a mis en place un fonds d’aide d’1 million d’euros, essentiellement pour soutenir les exploitants, les ouvertures de salles reprennent. A Martigues, dans les Bouches-du-Rhône, la mairie a placé l’association Renoir, qui exploitait jusque là un mono écran, au cœur d’un projet de renouvellement du centre-ville. Le nouveau cinéma de trois salles jouxte des commerces, une brasserie et des logements. La mairie met les locaux à disposition de l’association gestionnaire, via une convention.
« L’intérêt des élus pour le développement des cinémas indépendants est essentiel pour le développement des projets, soutient Henri Denicourt, le directeur du cinéma de Martigues. On voit bien que les élus à la culture vivent parfois une grande solitude quand il s’agit de convaincre leur conseil municipal de l’intérêt et de la viabilité d’un projet ! ».
Après la construction des salles, ne pas oublier le contenu
« Nous avons souvent affaire à des maires constructeurs qui pensent peu au service, ajoute un intervenant. La réflexion sur le contenu arrive tardivement, regrette-t-il, espérant que la période difficile que traversent les cinémas conduira à « mieux identifier les besoins d’espace dédiés à des actions de médiation, au-delà de simples salles de projection ».
Pour ce qui est du contenu, Issy-les-Moulineaux n’a pas attendu la crise sanitaire pour se poser des questions. La ville mène une politique de développement du cinéma, qui inclut notamment les écoles maternelles et primaires de la ville. Fabienne Liadzé, adjointe au maire en charge de la culture depuis 2020 est convaincue qu’il faut faire connaitre les salles locales au public et innover : « notre commune entretient 14 jumelages que nous pourrions utiliser pour travailler sur le cinéma international », souffle-t-elle.
L’atout des partenariats cultuels
A Saint-Rémy-de Provence (Bouches-du-Rhône), on mise sur l’augmentation de l’offre pour créer une émulation. La ville envisage d’agrandir son cinéma pour passer d’une à trois salles, ce qui devrait permettre de doubler sa fréquentation (passer de 35 000 à 70 000 entrées) et d’améliorer sa rentabilité. « C’est un projet qui ne pourra voir le jour qu’avec le soutien fort de la mairie sur ce projet de droit privé, mais ces efforts d’agrandissement et de modernisation permettent d’aller chercher une croissance de la fréquentation qui rend le modèle plus stable, tempère Antoine Bégné, le directeur d’un cabinet d’études qui accompagne ce projet.
Au-delà de l’intérêt des mairies pour la diffusion culturelle, il faut aussi s’appuyer sur le développement des pratiques ». Dans le Var, l’exploitant associatif de trois salles dans les communes du Pradet, de Saint-Mandrieu et de La Valette insiste sur sa « relation partenariale » avec la mairie. « Au Pradet, nous sommes au centre d’un espace culturel, voisins de la médiathèque et du théâtre avec qui nous partageons une salle », décrit-il. Nous organisons des évènements thématiques ensemble toute l’année, et c’est comme cela que le public s’y retrouve et s’approprie la salle ». Il s’inscrit dans une logique de médiation culturelle, où l’on crée des événements et défend des films, ce qui séduit une clientèle d’habitués. Malgré la crise sanitaire, Le Pradet n’a ainsi perdu que 15 % de sa clientèle.
Médiateurs culturels pour le cinéma
Pour Frédéric Hocquard, le président de la FNCC, si les efforts entrepris pour éviter l’effondrement de la filière ont porté leurs fruits, les collectivités doivent intensifier leur action pour que le public revienne . « Il faut par exemple mieux penser l’articulation entre le pass Culture et les propositions locales, pour inciter par exemple les jeunes à se rendre dans les salles, que ce soit par une prise en charge de leurs couts de transport ou par une action de médiation »...
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