
Face aux défis technologiques et géopolitiques actuels, la culture est un axe de résistance et de souveraineté qui peut contribuer à l'affirmation de la puissance européenne, plaide la ministre de la Culture.
Depuis la création du ministère des Affaires culturelles sous l'égide d'André Malraux, la France s'est distinguée par la mise en oeuvre d'une politique volontariste en défense de ses activités culturelles, ce qu'on appelle « l'exception culturelle française » : nos lois et des mécanismes de financement dédiés ont su préserver nos activités de création dans tous les domaines, faisant ainsi face aux seules lois du marché.
Cette politique a été un levier d'influence de la France en faisant de la protection des diversités culturelles le principe sur lequel reposent aujourd'hui les réglementations européennes en matière de culture. Ces réglementations, comme les financements engagés par la Commission européenne en appui à la création, sont une de nos réussites collectives.
Sursaut stratégique
Ce modèle européen est aujourd'hui confronté à d'immenses défis stratégiques, économiques et technologiques. Trois faits majeurs m'amènent à ce constat : la transformation profonde des usages dans le prolongement de la rupture technologique que représente l'intelligence artificielle, le contexte géopolitique et enfin les premiers mois au pouvoir de la nouvelle administration américaine.
Ce contexte, certes lourd de menaces, ouvre aussi une fenêtre d'opportunité pour un sursaut stratégique en faveur d'une Europe de la Culture, dans le prolongement de l'action du président de la République Emmanuel Macron en faveur de l'autonomie et de la souveraineté européennes. Face aux défis du présent, la culture est un axe majeur de résistance et de souveraineté qui peut contribuer à l'affirmation de la puissance européenne, tout en renforçant notre sentiment d'appartenance à un espace culturel commun.
Ce qui caractérise l'Europe, c'est sa capacité à laisser toute sa place aux diversités culturelles et linguistiques. C'est la défense de ce modèle que je souhaite proposer à mes homologues ministres européens de la culture ce 13 mai à Bruxelles, dans le cadre de la présidence polonaise de l'Union européenne, comme enjeu de souveraineté.
C'est aussi ce que je plaiderai lors du festival de Cannes qui est toujours une occasion de montrer la force et la richesse du cinéma européen tout en laissant droit de cité à la création mondiale.
Sauvegarde de nos modèles démocratiques
Cette souveraineté culturelle, je l'entends d'abord comme une affirmation d'autonomie ; elle s'appuie sur des régulations qui favorisent la création européenne comme la directive services de médias audiovisuels, dite SMA. Elle s'exprime aussi dans notre défense du droit d'auteur, en particulier dans le contexte de l'intelligence artificielle.
Elle suppose la préservation voire la hausse des financements qui répondent à ces enjeux ; ceux du programme Europe Créative, mais aussi...
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