Après les Pays de la Loire, d’autres régions et départements envisagent de réduire drastiquement leurs moyens alloués à la culture. Une remise en cause majeure des politiques culturelles.
Jamais les structures culturelles n’avaient autant fait d’appel aux dons. Festivals, compagnies, orchestres… tous espèrent profiter de la période de fin d’année pour récolter des fonds. Car le secteur doit faire face à un « cataclysme », selon les mots de Marion Gauvent, coprésidente de Lapas, Association des professionnel·les de l’administration du spectacle.
La nouvelle a été largement médiatisée : la région Pays de la Loire a adopté le 20 décembre un budget en baisse de 82 millions d’euros, impactant lourdement la culture, avec une diminution de 62 % des crédits de fonctionnement. Mais d’autres collectivités territoriales annoncent elles aussi une réduction de leurs subventions, dans des proportions extrêmement inquiétantes pour les artistes.
« La région Pays de la Loire est le cas le plus caricatural. Mais c’est l’arbre qui cache la forêt », nous dit Yannis Jean, délégué général du Syndicat des cirques et compagnies de création. « La boîte de Pandore est ouverte », confirme le directeur d’une scène de musiques actuelles. L’enjeu s’avère d’autant plus crucial que les collectivités sont le premier financeur de la culture en France, représentant plus du double de l’apport du ministère.
La région Île-de-France a voté jeudi 19 décembre un budget culture de 83,1 millions d’euros, en baisse de 20 %. Une annonce d’autant plus attendue qu’il s’agit de la première région de l’économie culturelle française. « Le piège, c’est que comme les Pays de la Loire ont fait pire, on peut presque se dire qu’on l’a échappé belle. Or qui aurait pu imaginer il y a encore un an une telle baisse ? », réagit Fabienne Meurice, conseillère régionale écologiste.
Si les crédits dédiés au fonctionnement reculent de 12 %, ceux consacrés à l’investissement baissent de 27 %. Un coup d’arrêt net aux projets. « Ces économies sont nécessaires afin de compenser les pertes de recettes de l’État pour les trois années à venir, justifie le service communication de la région. L’exécutif régional a choisi de préserver un budget culture à un niveau très élevé, au même niveau que 2015. » Retour donc dix ans en arrière.
Des structures dans l’incertitude
Selon nos informations, la région Auvergne-Rhône-Alpes prévoit, elle, une baisse des crédits alloués au spectacle vivant de 12,7 %. « Ce qui est dans le viseur, ce sont les formes d’art qui peuvent être contestataires, comme le théâtre ou l’art contemporain. La région envisage par contre de mettre davantage de moyens sur le patrimoine, notamment sur les grands projets comme le musée des Tissus de Lyon ou la maison de Saint-Exupéry », souligne un acteur culturel régional, préférant garder l’anonymat par peur des répercussions. Pour mémoire, Joris Mathieu, le directeur du TNG de Lyon, avait vu ses financements coupés par la région après ses prises de position critiques.
La région Sud envisage de son côté une baisse comprise entre 5 et 10 %. Des pourcentages à chaque fois bien supérieurs si l’on prend en compte l’inflation, en euros constants.
D’autres régions font par contre le choix de sanctuariser leur budget culture, comme la...
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