
Un mois après la rentrée, collèges et lycées s'inquiètent de la baisse des enveloppes budgétaires allouées aux projets culturels. Notamment à cause du gel de la part collective du Pass culture, en janvier dernier. Depuis, la promesse d'un accès à la culture pour tous est menacée.
Au moment de l'annonce, 40 millions d'euros, sur les 90 promis par le gouvernement, étaient déjà engagés pour l'année scolaire. Le reste a été gelé. Cette part collective du Pass culture permet aux collèges et aux lycées de financer les activités d’éducation artistique et culturelle. Comme les sorties proposées par les options théâtre. "Il y a eu un effet de vent de panique chez tous les professeurs de théâtre, et les référents culture, raconte Mélina, enseignante de théâtre*, on s'est tous empressés de valider, de saisir les dernières choses qu'on avait à saisir sur les plateformes pour que les projets puissent passer. Mais évidemment, ça n'a pas été possible pour tous les projets. Certains ont dû être suspendus." Mélina s'est rapidement réunie avec d'autres professeurs de son secteur, et de toute la France. Autour d'un groupe WhatsApp, mais aussi de cafés pour échanger, et trouver des solutions. "On a réussi in extremis à valider toutes les sorties l'année dernière et du coup, les élèves n'ont pas eu à engager des fonds propres. Ça fait partie aussi de l'expérience théâtrale d'ailleurs de sortir le soir et d'être dans un public qui n'est pas qu'un public de scolaires. Mais là, on demande une participation aux familles. On a annoncé aux élèves qui ne payaient pas les années précédentes qu'ils allaient devoir participer financièrement aux sorties."
Aux côtés de Mélina, sa collègue Lucie* s'inquiète de la situation. Certaines familles ne peuvent pas se permettre de payer des sorties au théâtre. "Une place de théâtre, c'est à peu près 10 euros quand on va dans des théâtres publics, les privés c'est beaucoup plus cher. 10 euros, ça peut paraître peu, mais pour des familles qui ont déjà des difficultés financières, c'est compliqué. Il y a des inégalités sociales, forcément, qui vont se renforcer avec cette baisse de la dotation du Pass culture. Mais il y a aussi des inégalités territoriales parce que certains lycées sont éloignés de structures culturelles. Prendre un bus c'est possible, mais c'est 350, 500 euros, pris sur des fonds propres du lycée, et les établissements scolaires ont aussi moins de moyens."
Lucie s'attriste de voir les projets devenir de moins en moins ambitieux, ou de les voir disparaitre. Il y a deux ans, ses élèves étaient montés sur les planches d'une scène nationale, après avoir répété dans l'année avec des comédiens. Une pièce dont se rappelle très bien l'enseignante de théâtre. Elle s'émeut de l'engagement de ses élèves, devant une vidéo de la représentation qu'elle nous montre. "Alors là, c'est un groupe de 18 élèves. C'est la restitution présentée dans le cadre du programme du bac. C'est-à-dire que les élèves vont montrer ça devant un jury, composé d'un artiste et d'un professeur de théâtre. Et par exemple, dans ce spectacle, on a choisi avec les élèves d'utiliser une musique qui était présente dans un spectacle qu'on avait vu, et le parcours de comédiens et comédiennes était nourri aussi du parcours des spectacles que nous avions vu."
Les représentations de fin d'année restent possibles, malgré les coupes budgétaires. C'est toute la pratique autour, essentielle aux pièces, qui est directement impactée. Les théâtres partenaires des établissements en souffrent également. Feriel Bakouri, directrice de Points Communs, scène nationale du Val-d'Oise, s'oppose fermement au...
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