
A Paris, l’événement rituel du 21 juin s’est accompagné de la remontée dans les airs de la vasque qui avait enchanté les Jeux Olympiques, tandis qu’aux Tuileries le concert qui clôturait la France Music Week a réuni 25 000 personnes.
Il y a désormais deux Fêtes de la musique. L’une, intronisée par Jack Lang en 1982 : chacun sort sa guitare, sa guimbarde ou sa sono, et se réapproprie la musique dans un grand acte politique de démocratie participative. Tambours japonais à Bastille, Karaoké géant à l’Institut du monde arabe, Clara Luciani à l’Olympia, The Avener à l’Elysée… La Fête de la musique à Paris, ce n’est pas un programme, c’est un casse-tête. Chants populaires italiens au kiosque du square violet dans le XVᵉ arrondissement, rock à guitare au Fantomas à Montmartre ? En roller skate porte des Lilas ou en batucada à la Villette ? Ô Dieux de l’ubiquité, rendez-nous nos superpouvoirs !
Une autre fête est porteuse d’un acte au caractère tout aussi politique mais d’une autre manière : chargé d’envoyer au monde entier le message d’une France libre et solidaire, à tout jamais métissée et joyeuse. « Keep on rocking in a free world », chantait Neil Young (« continue de faire du rock dans un monde libre »), repris, samedi 21 juin, par Keren Ann sur la scène des Tuileries. La chanson a pris d’autant plus de force que la foule des 25 000 personnes venait d’assister, subjuguée, à la montée dans les airs de la nacelle qui, en 2024, avait emporté la flamme symbolisant l’ouverture des Jeux olympiques (JO).
Dans un monde en guerre, instable et menaçant, face à des opinions publiques divisées, la période des JO apparaît rétrospectivement comme une parenthèse enchantée, un moment suspendu, une trêve réunificatrice. Réveiller sa flamme est la promesse d’un pansement sur nos angoisses – elle devrait ainsi illuminer le ciel de la capitale tous les soirs jusqu’au 14 septembre – et ce concert définitivement placé sous le signe de la paix et de « l’amour » : pour un cocktail de reprises de chansons célèbres. Camille reprend Résiste de France Gall, Kalash interprète du Bob Marley, Christine and the Queens revisite Pride (In the Name of love) de U2… Quant à Bernard Lavilliers, il chante du Bernard Lavilliers : « La musique est un cri qui vient de l’intérieur, qui fait rire les enfants et pas les dictateurs… »
Autant en emporte la grand-messe
A la manœuvre : Thierry Reboul, le même homme qui avait organisé les cérémonies des JO. « J’ai accepté d’organiser l’événement qui clôt ainsi la France music week à condition d’avoir les mains libres », dit-il. La France music week, du 16 au 21 juin, est une semaine de rencontres, de débats, de show case, organisés à la hussarde, façon start-up nation, pour positionner à l’international le savoir-faire de l’industrie musicale française. Pour l’occasion, l’Etat s’est engagé à financer, à travers la banque publique d’investissement Bpifrance, les entreprises de la filière à hauteur de 500 millions d’euros d’ici à 2030. Faire coïncider le concert de clôture de l’événement avec la Fête de la musique, c’était l’idée de Thierry Reboul. « Et puis la musique c’est du bruit qui parle, aime-t-il répéter citant Victor Hugo. Comme pour les JO, là encore, on raconte quelque chose : toute l’histoire du “Protest song”. »
Pas étonnant qu’on n’ait rien su, ou si peu, de ce qui se tramait. L’homme qu’on retrouve sourire aux lèvres et casquette vissée sur la tête au pied de l’arc du Carroussel a le goût des surprises et sait garder ses secrets. Autour de lui, hormis Thomas Jolly – « puisqu’il ne s’agit pas en l’occurrence de mise en scène mais de musique » – la même équipe : de Daphné Bürki à Victor Le Masne, l’homme qui avait composé l’hymne des JO et qui...
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