
De milliers d'emplois seraient menacés par l'importante diminution des subventions publiques dans le secteur du spectacle vivant. La chute du nombre des représentations et la disparition de manifestations en témoignent. Le développement de la mutualisation pourrait être une réponse à la crise.
Avec
- Emmanuel Négrier, directeur de recherche CNRS en science politique au CEPEL (Centre d’Etudes Politiques de l’Europe latine) à l’Université de Montpellier
Le spectacle vivant est confronté à d’importantes restrictions budgétaires. Il est impacté par les 150 millions d’euros d’économies au ministère de la Culture, par une baisse de 7,8% des crédits "Transmission des savoirs et démocratisation de la culture" et il subit aussi et surtout de drastiques coupes du côté des collectivités territoriales.
La chute des subventions régionales pour la culture est évaluée à près de 66 millions d’euros par le SMA, Syndicat des musiques actuelles. Et rien que pour les lieux labellisés et compagnies conventionnées, c'est une réduction des aides de 13,7 millions d'euros qui est annoncée par la DGCA, Direction générale de la création artistique.
De quoi fragiliser voire compromettre des manifestations. La Biennale de Toulouse vient par exemple d’annoncer, à la mi-avril, la disparition pure et simple de son Festival international des arts vivants, faute de subventions publiques.
7 500 emplois en péril aujourd’hui
Sur fond de hausse générale des coûts sans possibilité de les compenser complètement par la billetterie, l’impact des coupes budgétaires sur le spectacle vivant est jugé “particulièrement lourd” par le chercheur au CNRS Emmanuel Négrier, directeur du CEPEL, Centre d’études politiques et sociales de l’université de Montpellier :
"Cette baisse a des effets tout à fait important en termes de modèle économique mais aussi en matière d'emploi. Et on sait à quel point l'emploi dans le spectacle vivant est déjà dans une situation de précarité. Le spectacle vivant reste un secteur structurellement déficitaire. C'est la raison pour laquelle il a besoin d'argent public."
L’ensemble des syndicats d’employeurs et de salariés du spectacle vivant tirent la sonnette d’alarme dans une pétition intitulée “Debout pour la Culture ! Debout pour le service public !”, en avertissant qu’à chaque coupe budgétaire de 20 000 euros, c’est un emploi qui est menacé. Ce qui représenterait au total plus de 7 500 emplois en péril aujourd’hui.
Un modèle remise en question
Les coupes budgétaires se traduisent concrètement déjà par une chute des représentations : de l’ordre de 25% pour la saison 2024-2025, selon une enquête de l’association des professionnels de l’administration du spectacle, Lapas, réalisée en partenariat avec le Synavi et le Syndeac. Ces trois organisations participent aussi à la “cartocrise culture”, cette carte contributive mise en ligne
fin mars par l’Observatoire des politiques culturelles et qui vise à identifier plus précisément les structures impactées par les diminutions de soutien public.
Un mois après son lancement, cette "cartocrise" montre que 120 déclarants, soit plus du quart des réponses, se trouvent dans la région Pays de la Loire qui a décidé de se retirer de plus 60% des projets qu'elle soutenait.
La plupart des départements affichent aussi des baisses de leur budget culture de 10 à 20%. Et selon le chercheur Emmanuel Négrier, c’est...
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