
Rachida Dati, la ministre de la Culture, a dévoilé lundi son plan pour soutenir l’industrie musicale lors du lancement de l’événement parisien. Une aide en trompe-l’œil qui semble favoriser les grands acteurs au détriment des plus fragiles.
On se doutait que quelque chose du genre se tramait rue de Valois. Dès l’annonce par Emmanuel Macron, à l’occasion de la 42ème Fête de la musique, il y a un an, d’une France Music Week qui viendrait s’arrimer à la fameuse bamboche intronisée par Jack Lang. Car à quoi servirait une semaine d’événements cornaquée pour les professionnels de la musique quand existent déjà deux événements d’ampleur en France dont le ministère de la Culture ne peut ignorer l’existence pour y avoir participé souvent, le Midem et le MaMA Music & Convention, sinon à venir claironner le déploiement de nouvelles aides financières ?
A l’heure du lancement lundi, dans la cour d’honneur du Palais-Royal, de cet événement très com et international, organisé en cinq mois avec le soutien de YouTube et Coca-Cola pour mettre à l’honneur les «décideurs» et en omettant d’inviter toute une partie d’acteurs issus des territoires, Rachida Dati a ainsi dévoilé un nouvel ensemble d’aides budgétaires au secteur musical et à son principal organisme de soutien, le Centre national de la musique (CNM) dont, on se souvient, la première action d’envergure avait consisté à ventiler les aides publiques à la culture pendant la crise de Covid. «Soutenir les entreprises de la filière musicale, c’est soutenir un point essentiel de notre souveraineté culturelle et de notre identité économique», a martelé la ministre, quelques mois seulement après avoir ordonné une série de coupes qui ont mécaniquement amoindri les recettes du CNM, à la peine malgré la mise en place de la taxe streaming, et alors que se multiplient les réductions budgétaires au niveau des régions et départements.
Des acteurs les plus fragiles peu aidés ?
A la veille d’un «summit» où l’on débattra entre winners (de Dustee Jenkins de Spotify à Emmanuel de Buretel de Because) des «opportunités et défis du secteur à l’heure du digital, de l’IA, et de la transformation des usages», Rachida Dati a notifié le lancement d’un nouveau plan de financement «massif» de 500 millions d’euros par le biais de la BPI, en investissement en en prêts, dans le cadre du volet culture de France 2030. Dont le ministère a précisé à l’AFP le détail de l’enveloppe : «125 millions d’euros d’accompagnement en fonds propres, c’est-à-dire des levées de fonds pour des sociétés françaises en forte croissance, des projets de développement à l’international ou encore des projets de consolidation à travers des rachats d’actifs» ; également «340 millions d’euros de prêts ou garanties» aux entreprises ; enfin «35 millions d’euros de soutien à l’innovation à travers différents dispositifs et appels à projets de la Banque publique d’investissement».
Si ces mécanismes complexes demandent à être déchiffrés dans leur application, et leurs potentiels bénéficiaires attentivement auscultés, on remarque que des levées de fonds pour des «sociétés françaises en forte croissance» interviendraient pour soutenir les fleurons de l’industrie plutôt que ses acteurs les plus fragiles qui participent pourtant le plus activement à sa vivacité créative et à sa diversité. Comme le rappelle surtout à Libération Aurélie Hannedouche, directrice du Syndicat des musiques actuelles (SMA) qui représente plus de 600 professionnels et qui après avoir suivi les comités consultatifs de la France Music Week, n’a pas été...
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