
Structures fragilisées, déprogrammations, prochaines saisons difficiles à bâtir : le monde de la culture s’alarme des baisses de subventions de collectivités territoriales, qui mettent en avant leurs contraintes budgétaires mais assurent tout faire pour ne pas se désengager.
Pour rendre visibles les conséquences du désengagement de ces collectivités — premiers financeurs de la culture en France —, l’Observatoire des politiques culturelles, un organisme national menant enquêtes et analyses sur le secteur, a mis en ligne fin mars une cartographie.
On y lit par exemple que La Comédie de Béthune aura 87 500 euros en moins, prévus initialement par le département, ou que l’Ecole de Cirque de Lyon dit enregistrer une perte de 60 000 euros de la région, ce qui « condamne à court terme [ses] activités de formation et les emplois de ses personnels enseignants« .
Dans les Pays de la Loire, où la présidente a fait adopter un budget 2025 drastique, le Centre national de danse contemporaine d’Angers assure perdre 130 000 euros de la région, avec à la clé « une baisse d’activité » dans « la création, la programmation, la médiation, l’enseignement« , entre autres.
Les coupes peuvent aussi mener jusqu’à l’annulation d’une manifestation, comme celle de l’édition 2025 du Festival du film du Croisic (Loire-Atlantique).
« Ça baisse de partout en même temps« , affirme à l’AFP Aurélie Hannedouche, du Syndicat des musiques actuelles, qui a publié cette semaine son propre recensement.
"Naviguer à vue"
« On a l’impression de naviguer à vue« , regrette Ariane Lipp, directrice de La Manufacture – Centre dramatique national de Nancy, qui proposera deux spectacles en moins (17 contre 19) la saison prochaine après avoir perdu une partie (14 500 euros) de sa subvention régionale.
Le gel de la partie collective du Pass Culture, un dispositif qui permet de financer des projets et sorties culturels de collégiens et lycéens, l’a aussi contrainte à annuler une « trentaine de dates » d’un projet en itinérance.
Après la forte inflation de ces dernières années, les coupes budgétaires actuelles , « dans ces proportions-là« , créent « une situation inédite« , constate Claire Roserot de Melin, à la tête du syndicat Les Forces musicales (51 opéras et orchestres), qui pointe aussi les conséquences sur l’emploi des intermittents du spectacle.
« Globalement, en 2025, les budgets se maintiennent. Il n’y a pas de renoncement sur l’ambition culturelle« , assure pour sa part Catherine Morin-Desailly, présidente déléguée de la commission Culture, sport, jeunesse de l’assemblée des Régions de France.
Elle « distingue, clairement, le choix, politique, de la région Pays de la Loire de vouloir fragiliser considérablement les structures de la culture, et le choix, subi, de certaines régions qui ont pu réduire ici ou là quelques budgets de manière mesurée« , notamment en répercussion des...
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