
En l’espace de quelques mois, une réflexion approfondie sur les fondements des politiques culturelles s’est imposée comme une urgence, tant du côté des professionnels que des élus.
Elus engagés pour la culture, professionnels et experts s’accordent sur le fait qu’un travail de fond est incontournable pour éviter l’effondrement du secteur subventionné. Car la crise, si elle devait rester aussi intense sur plusieurs exercices budgétaires, pourrait être fatale aux politiques culturelles territoriales. Le 12 février dernier, dans un entretien à « La Gazette », Vincent Guillon, codirecteur de l’OPC, évoquait d’ailleurs le « risque de rétrécissement sectoriel de la culture ».
A tous les échelons territoriaux, les discussions, encore confidentielles, vont bon train. En lien avec l’OPC, Régions de France, la Fédération nationale des collectivités pour la culture, France Urbaine, Culture·Co (réseau national pour la culture dans les départements) et la Fédération nationale des associations de directeurs et directrices des affaires culturelles échangent au sein de groupes de travail sur l’avenir des politiques culturelles. L’OPC capitalisera cette réflexion dans les mois à venir.
La culture n’est pas une politique lambda
Premier constat, le plaidoyer en faveur de la culture doit être renouvelé et consolidé. Objectif ? Démontrer que cette politique, bien que non obligatoire, ne peut être une variable d’ajustement budgétaire. Or, au fil des décennies, un discours routinier s’est installé sur l’accès aux arts et aux connaissances, l’épanouissement des citoyens, la démocratisation culturelle, etc. Autant d’arguments toujours aussi incontournables, mais qui, à eux seuls, ne semblent plus suffire pour prévenir le décrochage de certains élus.
« Nous devons démontrer que la culture n’est pas une politique lambda, mais qu’elle irrigue toute la vie d’un territoire, insiste Catherine Brunaud-Rhyn, vice-présidente du Conseil départemental de la Manche. Contraintes ou choisies, les coupes budgétaires mettent en danger toute une filière, avec des conséquences sociales et économiques, notamment en matière d’emploi. Au-delà des structures, l’impact touche la création et la diffusion, et défait le maillage territorial, au détriment des territoires ruraux. »
Régulation du dialogue entre acteurs culturels
L’affaiblissement du plaidoyer s’est accentué dans les « collectivités XXL » qui ont émergé dans le sillage des réformes territoriales des années 2010 : dans ces collectivités-là, il s’est « créé, de fait, une distance entre les acteurs de terrain, les services et l’échelon de la décision politique, explique Romain Mericksay, directeur des affaires culturelles de Millau. La taille de ma ville permet un dialogue constant avec les élus pour montrer ce que sont réellement les actions culturelles ». Pour beaucoup de professionnels, la régularité du dialogue avec les élus fait partie des points d’attention
Pour Jean-Michel Tobelem, professeur associé à l’université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne et spécialiste de la gestion des équipements culturels, le problème de fond est que « les institutions culturelles n’ont pas démontré leur capacité à s’adresser à la diversité des citoyens ». Preuve en est, dit-il, « les citoyens ne descendent pas dans la rue pour manifester contre les baisses des subventions. Ce qui veut dire qu’ils ne se sentent pas directement concernés ».
Parler des publics
L’universitaire préconise donc des « états généraux de la culture. » Au risque que seuls les publics assidus fassent part de leurs attentes ? « Non, il s’agirait de réunir aussi toutes les composantes de la société – partis, syndicats, associations, entreprises, etc. –, avec des experts qui éclaireraient les débats, à l’image des conventions citoyennes organisées sur d’autres sujets », développe l’universitaire.
Dans cette logique, les politiques culturelles ne seraient plus débattues en prenant pour référence les lieux, mais la population et les projets qui lui sont destinés. « C’est bien pour elle que sont menées les politiques culturelles ! » souligne Sylvie Robert, sénatrice (PS) d’Ille-et-Vilaine et membre de la commission « culture » du Sénat. La parlementaire rennaise estime en effet qu’...
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