Un rapport de l’Université de Bordeaux passe au crible le fonctionnement des orchestres à l’école et leurs retombées sur leurs territoires. Les auteurs, Vincent Lalanne et François Pouthier, émettent 13 propositions pour assurer l’avenir de ces outils pédagogiques dont les collectivités constituent, de loin, le premier contributeur financier.
Pour la première fois, une étude évaluative et prospective (2019-2022), réalisée à l’échelle de la France métropolitaine, livre un état des lieux des orchestres à l’école, appellation qui recouvre les orchestres des écoles primaires (68% des orchestres), des collèges (31%) et des lycées (1%).
Signé par Vincent Lalanne et François Pouthier, respectivement ingénieur d’études et professeur associé à l’Université de Bordeaux, ce rapport, intitulé La contribution des orchestres à l’école au développement culturel territorial, a fait l’objet d’une restitution fin mars à la Sacem auprès des représentants des ministères de la Culture et l’Education nationale, avant d’être plus largement diffusé le 10 mai.
Près de 40 000 élèves jouant dans 1450 orchestres d’école
Le programme « Orchestre à l’école » est un des deux piliers du plan « Tous musiciens d’orchestre » lancé par le ministère de la Culture en 2018, le second étant Demos (Dispositif d’éducation musicale et orchestrale à vocation sociale) porté par la Philharmonie de Paris et l’association Orchestre à l’école.
39 366 élèves participent à 1450 orchestres, dans le cadre, a minima, d’un partenariat avec un conservatoire ou une école de musique. Le réseau a son association – Orchestre à l’école – créée en 2008, et devenue en 2017 centre national de ressources. L’association est signataire d’une convention cadre avec les ministères de la Culture, de l’Education nationale et de la Cohésion des territoires.
L’essentiel du financement vient des collectivités
Dans la répartition des financements, communes, intercos et départements devancent de loin l’Etat (ministère de l’Education nationale, ministère de la Culture, crédits de la politique de la ville). Les collectivités apportent 77% du financement, dans le cas des orchestres des écoles primaires, 60% dans le cadre des collèges.
Des orchestres à l’avenir incertain
Les orchestres scolaires voient le jour à partir des « liens interpersonnels » entre « un élu, un musicien et un enseignant qui agissent au titre de leurs organisations », soulignent les auteurs.
Et de décrire une démarche atypique : « ce partenariat croise des enjeux sociaux, éducatifs et culturels sans qu’aucune politique publique ne reconnaisse formellement sa responsabilité, avec la difficulté d’en assurer le financement et l’aubaine, d’en (ré)inventer les contours. » S’il est inscrit dans le projet d’établissement, l’orchestre n’est pas attaché au projet éducatif territorial (PEDT) ni intégré au projet d’éducation artistique et culturel du territoire. Pour autant, nombre d’orchestres scolaires contribuent au développement culturel du territoire.
Quant à la gouvernance, elle ne dispose pas d’instance de régulation et de décisions collectives « et encore moins d’évaluation », décrivent les auteurs. Conséquence de cette absence de cadre : une pérennité des projets qui n’est pas garantie.
Convention financière pluripartite et pluriannuelle
Pour remédier à cette insécurité, les auteurs avancent treize préconisations. La première consisterait à formaliser la « mise en dialogue collective entre parties prenantes », par une « convention cadre de coopération culturelle et pédagogique », signée par les partenaires publics.
De plus, une convention financière pluripartite et pluriannuelle permettrait de sécuriser le financement des orchestres. Une « feuille de route » permettrait de dépasser les contraintes de l’annualité budgétaire des finances publiques et de donner de la visibilité aux responsables des orchestres sur toute la durée d’une cohorte d’élèves, notamment avec un plan pluriannuel d’investissements.
Une « conférence des financeurs » viendrait consolider le dispositif en réunissant les contributeurs publics à l’échelle des départements, afin de couvrir les périmètres des directions des services départementaux de l’Education nationale (DSDEN) et ceux des schémas départementaux des enseignements artistiques.
Outre un ancrage territorial, ce mode de contractualisation donnerait corps, selon les auteurs, à « l’écosystème » que constitue l’orchestre scolaire.
Autres pistes pour consolider les orchestres scolaires
Parmi les autres préconisations des deux auteurs figurent aussi, entre autres :
- l’intégration des orchestres à l’école dans le référentiel de l’éducation artistique et culturelle...
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