
Fermé durant dix mois, occupé par plus de 400 migrants de décembre 2024 à mars 2025, le lieu culturel du IIIe arrondissement de Paris a rouvert la semaine dernière. Avec l’objectif de relancer la machine dès cet automne, après avoir accusé 3 millions d’euros de pertes.
« Panser l’avant, penser l’après. » La formule inscrite en avant-propos du programme de réouverture de la Gaîté lyrique s’érige en devise pour la salle de spectacle parisienne éprouvée. Après quasiment dix mois de fermeture, l’occupation par plus de 400 jeunes migrants de décembre 2024 jusqu’à leur évacuation manu militari par les forces de l’ordre en mars, la Gaîté lyrique reprend peu à peu du poil de la bête. Le bâtiment monumental planté au cœur du IIIe arrondissement n’a rien perdu de sa superbe et rouvre progressivement au public en ce mois de septembre.
La Gaîté lyrique, qui au sortir de la crise accusait près de 3 millions de déficit, n’a pas chômé durant l’été pour se remettre au travail. En équipe réduite — des 60 salariés alors placés en chômage partiel ils ne sont plus que 50 —, devenue touche-à-tout pour relancer la machine, elle se donne l’automne pour retrouver son rythme de croisière dès la rentrée 2026.
« On a vu le bâtiment revivre, on a dansé, ça fait du bien »
D’ici là, une cinquantaine de concerts, sept festivals, une vingtaine de débats et de conférences se tiendront chaque week-end. La semaine, la direction réserve l’ancien théâtre d’opérette à des événements privés. De quoi aider à renflouer les caisses et donner le temps à ceux qui, très vite, ont souhaité soutenir ce lieu culturel hors du commun d’abonder à l’effort de guerre.
En parallèle, le lieu culturel accueille à nouveau depuis juin 75 résidents, médias indépendants, associations et entrepreneurs de l’environnement, l’Institut culturel ukrainien, des journalistes en exil ou encore l’incubateur d’Arte.
Pour son premier week-end d’ouverture, concert rap, contest de hip-hop et festival littéraire féministe et antiraciste, le public a montré qu’il n’avait pas oublié le chemin de la rue Papin. Plus de 2 300 personnes ont réinvesti la salle de spectacle.
« Nous avons retrouvé nos deux piliers que sont la fête et l’engagement, on a vu le bâtiment revivre, des publics différents se rencontrer, on a dansé, ça fait du bien », peuvent enfin se réjouir la directrice de la Gaîté lyrique Juliette Donadieu et son directeur artistique Vincent Cavaroc.
Un million d’euros à trouver pour être à l’équilibre
On les rencontre ce mercredi matin, attablés sous les peintures et les ors bercés de soleil du foyer de l’impératrice Eugénie, vestige du théâtre d’Offenbach devenu le bar de la salle de concert. Le soulagement est là. Après des mois à gérer une occupation qui, s’ils l’ont toujours soutenue au titre de la légitimité de la mise à l’abri des migrants, l’ont également subie jusqu’à la mise en péril de leur outil de travail.
Aujourd’hui, il manque encore 1 million d’euros « à aller chercher » pour assainir le budget. « Des entrepreneurs, des fondations d’entreprise, des partenaires culturels sont venus vers nous pour nous aider. Pour eux non plus, ce lieu ne peut pas disparaître. On sent un élan du public et de notre écosystème artistique pour participer à la reconstruction. On est en bonne voie ! » assure Juliette Donadieu. Reste qu’il faudra compter « chaque centime », comme le précise Vincent Cavaroc, pour retrouver des bases solides.
Un rendez-vous est prévu début octobre avec la Ville de Paris, propriétaire des lieux et qui finance au titre d’un...
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