Malgré un dispositif de sécurité renforcé, des fumigènes ont été introduits dans la salle Pierre-Boulez de la Philharmonie de Paris, jeudi 6 novembre. Trois hommes et une femme ont été placés en garde à vue.
Il est environ 20 h 30, jeudi 6 novembre, dans la grande salle Pierre-Boulez de la Philharmonie de Paris, lorsque l’Orchestre philharmonique d’Israël, sous la direction de Lahav Shani, entame le Concerto pour piano n° 5, dit « L’Empereur », de Ludwig van Beethoven. Une dizaine de minutes plus tard, une femme se lève, hurle « Israël assassin » et jette des tracts jaunes sur lesquels est écrit « Israël, tu joues la symphonie de ton armée génocidaire ». L’orchestre s’interrompt, la femme est évacuée de la salle, la musique reprend.
« Cinq, peut-être dix minutes plus tard, l’orchestre s’est interrompu de nouveau. J’ai vu un jeune homme brandir un fumigène depuis les gradins, il y avait des flammes, c’était impressionnant, raconte Valérie (elle a souhaité garder l’anonymat), venue assister au concert avec son fils. Ça aurait pu être très dangereux. Il y avait des cris, une ouvreuse était en pleurs, j’ai eu très peur. »
Sur des vidéos postées en ligne, on voit des spectateurs le poursuivre dans les travées pour l’intercepter et lui porter de violents coups de poing. « A trois reprises, des personnes en possession d’un billet ont tenté de diverses manières d’interrompre les musiciens. Les fauteurs de troubles ont été évacués, le concert a repris et s’est achevé dans le calme », a précisé, dans un communiqué, la Philharmonie de Paris, qui a décidé de porter plainte.
Interrogé par Le Monde, le parquet de Paris a confirmé, vendredi, que quatre personnes avaient été placées en garde à vue, trois hommes et une femme, au commissariat de police du 19e arrondissement de Paris. Trois d’entre eux le sont pour « participation à un groupement en vue de commettre des violences ou dégradations », un délit passible d’un an de prison et de 15 000 euros d’amende. L’un d’entre eux est « fiché S » pour ses liens avec la « mouvance contestataire », selon une source proche du dossier. La quatrième personne pour « organisation d’une manifestation non déclarée », un délit faisant encourir six mois de prison et 7 500 euros d’amende. Les gardes à vue étaient toujours en cours samedi matin.
Dans un message posté sur le réseau social Instagram, l’organisation Palestine Action France a revendiqué le geste de ces militants propalestiniens : « Face à ce refus d’écouter [de la part de la Philharmonie de Paris d’annuler ce concert], en pleine période de génocide avéré, nous n’avions pas d’autre choix : il était un devoir moral de tout mettre en œuvre pour empêcher la tenue de ce concert. » A Londres, Palestine Action a été classée, début juillet, comme terroriste par le gouvernement britannique.
Condamnation
Toute la journée de vendredi, les réactions se sont multipliées. En déplacement à Bourges, le ministre de l’intérieur, Laurent Nuñez, a déploré ces incidents : « Aucune cause ne justifie que l’on mette en danger la vie des spectateurs qui étaient présents », évoquant les fumigènes qui auraient pu provoquer « des mouvements de foule ».
Dans un communiqué commun, Rachida Dati, ministre de la culture, et Aurore Bergé, sa collègue chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, ont aussi condamné ces perturbations. « Aucune violence, aucun acte antisémite, aucune atteinte aux artistes ne peut être tolérée dans nos lieux de spectacle et de concert », a affirmé la première.
Mercredi, alors que la polémique sur la venue de l’orchestre israélien à Paris enflait, la ministre de la culture avait déjà apporté son soutien à la formation, fustigeant un appel au boycott. « Ce que l’Orchestre philharmonique d’Israël a subi est indigne de notre pays. L’antisémitisme, sous toutes ses formes, n’aura jamais sa place en France. Des procédures sont engagées. Des sanctions exemplaires doivent être prises », a, pour sa part, exprimé Aurore Bergé.
Sur X, la présidente du groupe Rassemblement national à l’Assemblée nationale, Marine Le Pen, a condamné des actes « intolérables » appelant à...
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