
« Les nouveaux métiers de la culture » (3/5). L’ingénieure de 36 ans, chargée du développement durable au sein de l’Opéra de Paris, travaille à diminuer la consommation énergétique de l’institution et au recyclage des décors des productions.
Les opéras ont pris, depuis quelques années, la question de la transition écologique à bras-le-corps, se positionnant parfois en précurseurs. L’Opéra de Lyon, le Théâtre du Châtelet, le Festival d’Aix-en-Provence, le Théâtre royal de la Monnaie, à Bruxelles, et l’Opéra national de Paris ont ainsi mis en place, au début de 2021, le Collectif 17 h 25 (nom qui fait référence à l’heure à laquelle est né ce groupe), afin de partager réflexions et initiatives sur le sujet. Dans cet élan, l’Opéra de Paris s’est donné, en avril, une directrice déléguée à la stratégie, aux investissements et au développement durable, Violaine Charpy. La jeune femme de 36 ans, diplômée à Lyon de l’Ecole nationale des travaux publics de l’Etat, option transition écologique et solidaire, et de l’Ecole nationale supérieure d’architecture, a rejoint l’institution parisienne en 2016, après une dizaine d’années à superviser des projets de construction, de rénovation, de restructuration d’établissements publics (chez Icade, puis Eiffage Concessions).
« A l’Opéra, j’ai d’abord été cheffe de projet bâtiment, puis responsable du pilotage de l’aménagement de la salle modulable [à l’Opéra Bastille], jusqu’à ce que le projet soit suspendu en 2021, explique-t-elle. La direction générale m’a alors proposé de prendre en charge la réflexion sur la transformation stratégique de l’Opéra et l’évolution de son modèle. Ont ensuite été intégrés à mes missions les enjeux de développement durable afin d’ancrer la maison dans la transition écologique. » Depuis dix ans, la plupart des établissements culturels publics ont mené des actions face à l’urgence du réchauffement climatique. Pour autant, aucune feuille de route n’avait jusqu’alors été fixée – même si, en 2022, l’Opéra de Paris a répondu à l’appel à projets « Alternatives vertes » dans le cadre de France 2030, le plan de relance du gouvernement mis sur pied fin 2021.
C’est ainsi qu’un bilan carbone a été réalisé début 2022 à partir des données de 2019 – dernière année avant la crise liée au Covid-19 –, qui a permis d’étoffer un plan d’action sur la période 2022-2024, dont la première étape porte sur la question de la sobriété énergétique. « On a construit un plan qui nous a permis de réduire nos consommations de 11 % en électricité, de 27 % en chauffage (par rapport à la période de novembre 2020 à avril 2021), constate Violaine Charpy. On a baissé les températures de consigne, mis en place une gestion plus précise de la consommation par zones, permettant de régler l’extinction des éclairages et des machines. On a de grands travaux d’investissement prévus dans les prochaines années à Garnier, à Bastille, ou encore à l’Ecole de danse à Nanterre. »
Pommiers de Mozart recyclés chez Gounod
L’écoconstruction des décors est également une priorité, et les équipes parisiennes se sont engagées, au sein du Collectif 17 h 25, dans un projet de standardisation de leurs éléments structurels afin d’harmoniser leur fabrication. Ce qui permettrait de ne faire voyager que les parties visibles des décors, réduisant à la fois les coûts de stockage et de transport. Ces éléments de répertoire seraient utilisables dans d’autres productions.
« Aujourd’hui, chaque théâtre a...
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