Bien avant les déclarations du Président Macron jeudi 25 février sur un projet de Pass sanitaire en Europe, les organisateurs d'événements, décidés à ne pas revivre une année blanche, ont commencé à pister toutes les solutions possibles pour concilier cet été sécurité sanitaire et viabilité financière.
Le 29 février 2020, tombait l'interdiction des rassemblements de 5.000 personnes et plus , suivie, le 8 mars, de celle des regroupements à partir de 1.000 . C'en était fini des concerts et festivals. Mais jamais les acteurs du spectacle vivant n'auraient imaginé que le même scénario pourrait se reproduire en 2021. Depuis, c'est à l'échelle de l'Europe continentale qu'ils multiplient concerts tests et études sanitaires, tandis que l'Angleterre fait cavalier seul grâce à l'avance prise sur la vaccination.
Boris Johnson a en effet annoncé la reprise, dès le 17 mai, des événements extérieurs en version assise jusqu'à 10.000 participants, en version debout jusqu'à 4.000 personnes (1.000 assis en intérieur), et dès le 21 juin sans restriction, si les conditions sanitaires le permettent. Probablement présomptueux, mais les organisateurs reprogramment depuis à tout-va outre-Manche et Live Nation a écoulé 170.000 tickets en trois jours.
De quoi exaspérer de ce côté-ci de la Manche. Vendredi 26 février, le Prodiss, syndicat du spectacle vivant, interpellait dans une lettre ouverte le président Macron : « Il y a un mois, vous assuriez que tous les Français qui le souhaitent seraient vaccinés à la fin de l'été. Il y a une semaine, nous apprenions que les festivals debout ne pourraient se tenir cet été. Seuls les événements rassemblant moins de 5.000 personnes assises et distanciées auront droit de cité. Hier, vous évoquiez la mise en oeuvre d'un pass sanitaire en vue de la réouverture des lieux culturels. Que comprendre ? »
Des chiens renifleurs
Le Prodiss, justement, travaille avec des professionnels du spectacle, du numérique, de la santé et de la sûreté de 20 pays européens différents sur « The Safe Project ». Constitué après les attentats du Bataclan, ce groupe est passé avec le Covid du champ sécuritaire à la question sanitaire. « Le risque évolue, il faut partager nos expériences et compétences pour constituer une boîte à outils en vue du redémarrage. Ce n'est pas une crise classique, il n'y aura pas de retour à la normale », soulignait, vendredi, dans un webinar, Pascal Viot, coordinateur du Paléo Festival et président de l'Institut suisse de sécurité urbaine et événementielle.
Le PDG de la start-up SenseDetect Health-Care, Nabil Moumane, a, lui, énuméré les solutions possibles : tests rapides antigéniques et salivaires réalisés en amont ou à l'entrée de l'événement, recours à des chiens renifleurs du Covid, mise en place d'outils digitaux Bluetooth de distanciation sociale, traçage des contacts avant et après le festival couplé à du cashless, logiciel de détection de masque facial, certificat de vaccination… « Reste à savoir ce qui sera justifié, abordable, efficace, accepté par le public, conforme à la protection des données ? » a-t-il questionné.
Concerts test
Après les concerts test assis organisés avec succès en Espagne et aux Pays-Bas, ces deux pays vont essayer la version debout en Arena. La France elle, va mener des expérimentations à Marseille avec l'Inserm autour de 1.000 personnes assises et distanciées mais non testées, et à l'AccorArena de Bercy avec l'AP-HP autour de 5.000 personnes dans la fosse (jauge normale) préalablement testées négatives cette fois.
A la tête du festival We Love Green , Marie Sabot a interrogé ses festivaliers pour sonder les mesures acceptées. « 88 % sont d'accord pour présenter un test négatif à l'entrée des grands événements, et 83 % pour télécharger l'application TousAntiCovid afin d'y intégrer leur test », assure-t-elle. Mais outre que 96 % des sondés refusent la version assise, ce format n'est pas viable selon Christophe Sabot, responsable des festivals de Vivendi . « Une tribune coûte 150.000 à 170.000 euros, on la finance comment avec une jauge réduite ? 5.000 personnes, c'est une recette de 200.000 euros », pointe le dirigeant qui a déjà annulé Garorock (de 40.000 à 45.000 festivaliers par soir), va probablement faire de même avec Les Déferlantes (entre 17.000 et 20.000 fans par soir) et s'interroge pour le Brives Festival (9.000 par soir). « Nous regardons ce qui est possible avec les acteurs institutionnels car une recette divisée par deux implique aussi que les artistes acceptent de diminuer leurs cachets », explique Christophe Sabot.
Cette perspective...
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