Confinés en fosse ou sur un plateau, les musiciens des phalanges symphoniques sont au cœur des problématiques sanitaires liées à la pandémie.
Parmi les recommandations sanitaires formulées par le ministère de la culture à l’endroit du spectacle vivant, rien sur la question, pourtant cruciale, des orchestres symphoniques. Un mode de fonctionnement qui liste pourtant tous les dangers.
Les musiciens jouent en effet dans un espace circonscrit, voire exigu – ainsi la fosse d’orchestre invisible du Festspielhaus de Bayreuth, aussi célèbre pour son acoustique que pour l’inconfort des instrumentistes confinés sous la scène. Leur nombre, souvent pléthorique, tourne la plupart du temps autour de 90 exécutants. Il peut atteindre le millier quand s’y ajoutent, par exemple, les chœurs de la Huitième Symphonie de Gustav Mahler, dite « Symphonie des Mille ». C’est dire si l’application des gestes barrières et autres préconisations sanitaires constituent un casse-tête.
Premier orchestre à avoir rejoué en mode confinement, vendredi 1er mai, l’Orchestre philharmonique de Berlin a visé au plus simple : une formation réduite au prorata de la surface de jeu disponible une fois augmenté l’espacement entre les instrumentistes.
Le tout assorti d’un programme de circonstance : des pièces pour orchestre de chambre (Fratres, d’Arvo Pärt, Ramifications, de György Ligeti, l’Adagio pour cordes, de Samuel Barber), mais aussi, sous la direction du maestro Kirill Petrenko, une version de poupée de la Quatrième Symphonie, de Mahler, par l’arrangeur Erwin Stein, soit quinze musiciens en lieu et place des 95 habituellement requis.
Retour wagnérien
Un bel acte de résilience, diffusé sur le site de l’orchestre berlinois (Digitalconcerthall.com) ainsi que sur la chaîne Mezzo Live HD, du 21 mai au 4 juin, dont l’exemple a fait des émules. Ainsi l’Orchestre de Paris, qui vient d’annoncer la reprise de ses concerts.
« Le 25 mai, a enfin eu lieu notre première répétition depuis le confinement », soupire la directrice générale, Anne-Sophie Brandalise. « Tous les musiciens sont très désireux de revenir au plateau. » Les retrouvailles avec le public se feront mercredi 27 mai à 20 h 30, exclusivement sur Internet (Live.philharmoniedeparis.fr), et sur Arte.tv. Un concert suivi par un deuxième rendez-vous le lendemain avec un habitué des lieux, le violoniste Renaud Capuçon, entouré d’une vingtaine d’amis musiciens.
Non contents de fournir sur leurs réseaux sociaux ces vidéos puzzle auxquelles ont sacrifié la plupart des phalanges symphoniques depuis mardi 17 mars, les Parisiens ont poussé à la roue. Le programme de ce retour wagnérien, on le doit au violon solo Philippe Aïche, qui a proposé Siegfried Idyll, cadeau d’anniversaire pour treize instruments offert par Wagner à sa femme Cosima en décembre 1879, quelques mois après leur mariage et la naissance de leur fils, Siegfried. Mais ce sont les pupitres de bois et de cuivres qui ont suggéré « L’enchantement du Vendredi saint », tiré de Parsifal, dans une version pour...
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