Alors que l’édition 2021 est menacée, un collectif, dont font partie Irène Jacob, Agnès Jaoui et Jean-Michel Ribes, appelle à penser le festival de demain.
Tribune. Le Festival « off » d’Avignon est un événement unique dans le paysage culturel français. Avec plus de 1 500 spectacles, il est un incroyable vivier pour la création artistique et la diffusion du spectacle vivant. Pourtant, il connaît depuis plusieurs dizaines d’années de nombreuses dérives : des théâtres au confort et à la qualité de service variables, prisonniers d’un modèle économique reposant sur la location de créneaux horaires aux compagnies, une population locale laissée de côté, des logements loués à prix d’or, des compagnies sortant de l’aventure exsangues…
Ce festival, où chaque théâtre conçoit sa programmation, concentre tous les enjeux artistiques et économiques de ses acteurs dans un temps réduit et dans un espace contraint par les remparts de la cité des Papes. Echappant aux idées généreuses de ses créateurs, il est devenu un marché, une foire, un ogre insatiable qui menace de dévorer ses propres enfants.
Fruit d’un impensé politique depuis ses débuts, fonctionnant sans gouvernance, sans régulation, et selon les lois de l’économie de marché, ce festival est devenu un paradoxe : il concentre les aspirations d’auteurs et d’artistes qui inventent la culture de demain, et, pourtant, il semble passer à côté des débats et mouvements de fond qui transforment la société française.
Comment une création artistique contemporaine peut-elle faire l’économie de penser son propre mode de production et de diffusion ? Qu’en est-il de l’impact écologique du festival, des conditions de travail des divers corps de métier qui œuvrent à son bon déroulement ? Que dire des hausses des loyers qui les rendent inabordables ? Pourquoi la diversité culturelle et sociale n’est-elle pas davantage représentée ?
L’édition 2021 doit avoir lieu
Si le festival n’est pas directement subventionné, de nombreuses compagnies sur l’ensemble du territoire sont soutenues par l’Etat et les collectivités pour pouvoir y participer. N’est-il pas temps de nous préoccuper de l’usage qui est fait de tout cet argent public ? L’enjeu n’est pas seulement celui du Festival « off » d’Avignon, mais au-delà, celui de la politique du spectacle vivant en France.
L’annulation de l’édition 2020 pour cause...
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