
Réalité augmentée, mixte, ou virtuelle, les technologies immersives s’invitent de plus en plus dans les salles de spectacle. A Paris, dans le cadre du festival ManiFeste, l’Ircam présente « L’Ombre », un spectacle de Blanca Li et Edith Canat de Chizy, dans lequel le réel se mêle au virtuel.
C'est par l’installation d’un casque de réalité virtuelle que démarre la séance, avec quelques indications, pour que la vue soit nette. Une fois équipé, le spectateur peut donc pénétrer dans l’Espace de Projection de l'Ircam, où il sera invité à déambuler tout au long de la représentation. Mais que va-t-on voir dans quelques minutes ? Le suspens est total pour ce groupe de spectatrices : « C’est assez original, je suis curieuse de voir la suite. On a l’impression que ce n'est pas réel, ou d'être un jeu vidéo, c’est assez sympa. J’ai hâte de voir comment ça va se passer avec les danseurs. Ah ça commence ! Bon spectacle ! »
Inspiré du conte d’Andersen, L’Ombre est un spectacle musical et dansé, à la fois réel donc, et virtuel, grâce aux images projetées par le casque. Les vrais danseurs se mêlent à des doubles créés de toute pièce. La chorégraphe Blanca Li revient sur cette envie : « Je suis très curieuse et les nouvelles technologies m’ont toujours beaucoup inspirée. Elles permettent de faire des choses qui n’ont jamais été faites avant, d’inventer de nouvelles formes de narrations, de nouvelles formes de spectacle, ce qui me plait beaucoup. Et puis j'ai pu créer des chorégraphies virtuelles, travailler avec des danseurs qui n’existent pas, qui volent ou qui ont la tête en bas. C’est pour moi comme un rêve, j'ai l'impression d'être une petite fille à qui on a donné un jouet ».
« Je pense qu’on entre dans une nouvelle ère »
La partition a été composée par Edith Canat de Chizy. C’est le percussionniste Florent Jodelet qui l’interprète, devant un parterre de spectateurs casqués : « Je dois dire que ça ne me trouble pas plus que ça. J’entends l’interaction avec le public, je sais ce qui se passe dans les casques, donc je sais à quel moment il va y avoir un petit peu d’agitation, de surprise, des "ouh, ah", voire des applaudissements. Mais ça ne me perturbe pas plus que ça. »
La compositrice Edith Canat de Chizy a utilisé l’électronique pour écrire une partition immersive. Elle voulait une musique qui entoure le public, pour cette nouvelle forme de spectacle qu’elle défend : « Je pense que nous allons un peu quitter cet espace dans lequel on écoute seulement, et que nous entrons dans une nouvelle ère dans laquelle la musique se voit, la musique doit se voir. Et il faut créer cet univers, cette rencontre avec d’autres formes d’art. C’est une chose à laquelle je crois beaucoup.» A ses côtés, Frank Madlener, directeur de l’Ircam, sourit : « Ceci étant, nous continuons à tolérer le concert et la radio, du reste (rires). Donc on peut tout à fait imaginer que l'on puisse être un peu plus inventif dans le déroulé d’un concert. Cela fait partie de ce que l’on a envie d’expérimenter. »
« On peut être littéralement sous l’eau »
A quelques rues de l’Ircam, l’Opéra de Paris propose La Magie Opera, jusqu'au 31 août. Une expérience qui permet au visiteur, toujours équipé d’un casque, de visiter différemment le Palais Garnier et d’explorer l’histoire de l’art lyrique. Marion Monnier est cheffe de projet digital et projets innovants à l’Opéra : « L’idée ici avec BackLigt, qui est le producteur de l’œuvre, c’est de faire vivre l’opéra sous de nouveaux médiums, de nouvelles façons de présenter l'art lyrique, mais aussi d’amener de nouveaux publics à découvrir l’opéra. Et l'un des immenses bénéfices de la réalité virtuelle est de pouvoir nous faire vivre des choses que l’on ne pourrait jamais vivre dans la vraie vie. Prenez l'exemple de Rusalka, qui est un opéra qui se passe sous l’eau. Quand il y a un travail scénique, il y a toute la mise en scène qui permet de développer l'imaginaire, mais ici, avec la réalité virtuelle, on peut être littéralement sous l’eau. »
Une double mise en scène
Des structures aident au développement de l’usage de la réalité virtuelle dans le spectacle vivant. De 2022 à 2024, le Lieu Unique à Nantes, qui a...
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