
Le Syndicat des musiques actuelles a publié le 20 mai une cartographie montrant la place qu’occupent les dix plus gros opérateurs de ce secteur. Un document qui dessine des réseaux tentaculaires menaçant d'absorber les acteurs subventionnés. Ces derniers alertent les élus du danger.
Repérée dès 2019, la progression des grands groupes privés dans le secteur des musiques actuelles menace de plus en plus les acteurs subventionnés. Pour évaluer le phénomène et le documenter, le Syndicat des musiques actuelles (SMA) publie ce 20 mai une cartographie d’une grande densité montrant « le poids des dix plus gros opérateurs privés de la chaîne de valeur des musiques actuelles en France ».
Concentrations horizontale et verticale
« La concentration progresse, et quatre nouveaux acteurs économiques s’ajoutent aux six précédents », résume Aurélie Hannedouche, directrice du SMA.
Les quatre nouveaux entrants (en rouge sur la carte) sont
- la famille Baylet (Groupe de presse La Dépêche) ;
- Bernard Arnault (LVMH, Lagardère, Fondation Louis Vuitton) ;
- Daniel Kretinsky (présent dans les capitalisations de TF1 et La Fnac-Darty) ;
- et Klaus-Peter Schulenberg (CTS Eventim).
Les six autres sont :
- Marc Ladreit de Lacharrière ;
- Arnaud Lagardère ;
- Vincent Bolloré ;
- John C. Malone ;
- Philip Anschutz ;
- Matthieu Pigasse.
Les nouveaux liens économiques engendrés par l’arrivée de ces opérateurs sont également en rouge, tout comme les structures qui ont été vendues depuis 2022.
Le processus de concentration suit deux logiques :
- d’abord horizontale (rachat de concurrents) ;
- et verticale (rachat d’autres maillons de la chaîne de valeurs, comme des exploitants de salles, des producteurs d’artistes, des labels, des médias, des opérateurs de billetterie (La billetterie constituant une véritable mine en matière de data concernant le public, avec les adresses électroniques, les numéros de téléphone, et les informations sur les goûts musicaux de chacun).
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Alliance avec un opérateur privé
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Aujourd’hui, la survie du secteur subventionné est en jeu. A l’heure où près de la moitié des festivals sont en déficit, l’alliance avec un opérateur privé peut être vue comme salvatrice pour les acteurs indépendants, pour sortir de l’effet ciseaux causé par l’explosion des charges, que ne compensent pas la hausse de la billetterie et des subventions, qui, au mieux, stagnent, au pire, fondent.
La Route du Rock, par exemple, a ainsi déjà franchi le pas et s’est associé au label Combat Rock (groupe Matthieu Pigasse). Au SMA, on n’exclut pas que d’autres événements lui emboîtent le pas. D’ailleurs, lors du festival de Bourges 2025, Matthieu Pigasse (patron des Eurockéennes) a fait part de son intention de se rapprocher d’autres événements associatifs et indépendants.
Quant aux collectivités gestionnaires de salle et/ou organisatrices d’événements, il n’est pas rare qu’elles cèdent aux sirènes des acteurs privés, qui leur promettent un coût de gestion réduit et des salles pleines grâce à des têtes d’affiche. En février dernier, la Ville de Mérignac (Gironde) a, par exemple, cédé au groupe Fimalac (Marc Ladreit de Lacharrière) sa salle de spectacles, le Pin Galant, gérée depuis 35 ans par une SEM.
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Logique territoriale ? Logique politique ?
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A ce stade, il n’est pas possible de repérer des territoires plus concernés que d’autres. A l’exception du développement du Groupe La Dépêche (famille Baylet), qui s’implante exclusivement dans le Sud-Ouest, avec des festivals (subventionnés par les collectivités) comme Les Déferlantes, Live au Campo, Rose Festival en Occitanie, Pellicu-live, ou Bacchus Festival. « Le groupe Baylet explique que ses activités dans les médias et dans les festivals sont censées se nourrir mutuellement », indique Aurélie Hannedouche.
De même, les affinités politiques ne semblent pas jouer de...
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