Après un mois de débats, la municipalité et l’Etat se sont mis d’accord sur le nom du Corse pour succéder à Macha Makeïeff à la tête du théâtre. Cette nomination a des airs d’accomplissement pour le metteur en scène de 65 ans, chantre de l’éducation populaire.
Cela faisait donc un mois que les six candidats pour diriger la Criée, théâtre national de Marseille, trois femmes, trois hommes, patientaient, après avoir passé leur grand oral. Un mois que les équipes du théâtre attendaient de savoir qui dirigerait «leur» théâtre, «ce qui est long, épuisant» jugeait une voix de l’établissement. Un mois que les spéculations et les discussions allaient bon train.
Entre les chasse-neige actifs en plaine et les poissons d’avril, on pensait que la nouvelle ne tomberait pas aujourd’hui. Notre boule de cristal s’est trompée. Le «bras de fer» entre la mairie et l’Etat est donc tombé du côté de Robin Renucci, 65 ans, grand favori de la municipalité et enfant du pays, si on élargit le pays jusqu’à la Corse. Il vit dans la région depuis ses 40 ans et a fondé l’Aria, un centre de formation et un festival de rencontres internationales de théâtre du nord de l’île, au sommet d’une montagne magnifique.
Pour Robin Renucci, apôtre de l’éducation populaire, directeur des Tréteaux de France qu’il dirigera jusqu’au 30 juin prochain et ancien président de l’Association des centres dramatiques nationaux (ACDN), cette nomination a tout de l’accomplissement. Robin Renucci, issu d’un milieu populaire, petit-fils d’un forgeron corse, a toujours œuvré pour un théâtre qu’il juge accessible, «vecteur d’émancipation», qui fait la part belle aux textes et qui n’a besoin de pas grand-chose d’autre que le corps et la voix des acteurs pour exister. A l’abri de toute expérimentation ? Il est prématuré d’en juger, mais il faut espérer que le futur directeur saura être curieux et ouvrir son théâtre.
De son côté, la directrice Macha Makeïeff, qui avait été nommée en 2011 par décision de l’Etat en créant la surprise, laisse un théâtre entièrement rénové, avec de bons chiffres de fréquentations et un public rajeuni. L’autrice, metteure en scène, scénographe, accessoiriste et fondatrice avec Jérôme Deschamps des inoubliables Deschiens se dit heureuse d’avoir pu travailler à Marseille avec des publics et des échelles très variées. Elle est née et a grandi dans la ville et a retrouvé, via la Criée, le lieu de ses souvenirs intimes. «Mon projet, je l’avais conçu pour cette ville et pour ce théâtre. J’ai le sentiment qu’aujourd’hui, il rayonne sur le port et qu’on a réussi à en faire un lieu réellement accueillant. Il n’y aurait pas eu ces deux ans de Covid, on serait allés encore plus loin dans la recherche de nouveaux publics et dans les itinérances.»
Une jeune metteure en scène marseillaise...
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