
À Toulouse, la baisse du financement par la ville de bibliothèques, de centres culturels et de l'Institut supérieur des arts et du design interroge sur le rôle joué par les villes dans le soutien à la culture, dans un contexte global de baisse des budgets dans ce secteur.
Avec
- - Vincent Guillon, codirecteur de l’Observatoire des politiques culturelles de Grenoble et professeur associé à Sciences Po Grenoble
Nous vous parlons régulièrement du contexte politique et budgétaire, et de ses conséquences pour le secteur de la culture. L'État a baissé son budget ; une première depuis 10 ans. En cascade, les régions et départements ont, eux aussi, coupé dans les dépenses. Un des cas les plus emblématiques : 73 % de crédits en moins dans les Pays de la Loire. La présidente de la région vient d’ailleurs d’ajouter un nouveau coup de rabot de 100 000 euros. Les aides aux évènements culturels dans les lieux de moins de 200 places sont supprimés et les café-concert font grise mine.
Plus au sud, une forte mobilisation dans la ville de Toulouse, nous a poussé à nous intéresser à l’échelon local. L’édile peut-il sauver la culture ? Nous en parlons avec Vincent Guillon, codirecteur de l'Observatoire des politiques culturelles de Grenoble et professeur associé à Sciences Po Grenoble.
À Toulouse, le monde de la culture est mobilisé depuis plusieurs semaines contre les baisses de budgets. Pourquoi les acteurs de la culture de la ville rose voient-ils si rouge ? "Un certain nombre de baisses ont été annoncées s'agissant d'équipements qui soit sont gérés directement par la ville, soit dont la ville est financée. Est concerné le réseau des bibliothèques de la ville, avec une annonce, selon les représentants syndicaux, de 64 % de baisse du budget de fonctionnement, ce qui est considérable. Une baisse de 10% du financement par la ville de l'Institut supérieur des Arts et du Design de Toulouse. Une baisse enfin qui serait de 30% pour le réseau des treize centres culturels de la ville de Toulouse. On a finalement une accumulation d'annonces très défavorables pour ces équipements de services publics culturels qui pour une partie d'entre eux engagent des fonctionnaires territoriaux. D'où ce mouvement de mobilisation important."
La culture est-elle une compétence municipale ? "L'ensemble des niveaux de collectivités publiques (État, régions, départements, intercommunalités, communes) ont la possibilité d'intervenir ou de ne pas intervenir dans le soutien à la vie culturelle, c'est-à-dire de conduire une politique culturelle. Or, il s'avère que cinquante ans de décentralisation culturelle ont mené vers un système de cofinancement de la vie culturelle par de l'ensemble de ces partenaires publics." Or, précise Vincent Guillon, il n'y a pas pour autant d'obligation en la matière. "Donc, à partir du moment où le volontarisme politique s'affaisse, où le consensus sur le bien-fondé d'un soutien à la vie culturelle s'effrite, c'est l'ensemble du secteur qui s'en trouve fragilisé. D'une certaine façon, on traverse une crise de ce système coopératif de financement de la vie culturelle en France."
En 2026 vont se dérouler les municipales. Est-ce qu'un contexte politique qui peut sauver, ou alors justement endommager encore plus les budgets culturels au niveau des villes ? Les villes imposent moins souvent des coupes importantes. "La situation des villes est plus contrastée que pour les autres...
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