
Professeur au Conservatoire national des arts et métiers, titulaire de la chaire Accessibilité, Serge Ebersold explore l'évolution de carrière des personnes en situation de handicap. Auteur du livre « Le temps de l’accessibilité » (L’Harmattan, 2024), il revient sur les enjeux de la promotion de ces personnes dans la FPT, et notamment dans la culture.
Les personnes handicapées accèdent-elles facilement aux postes à responsabilité dans la culture ?
Tout dépendant du secteur, s’il s’agit d’une direction des musées ou d’un théâtre, mais nous pouvons globalement dire que dans le secteur culturel, les enjeux de la promotion sont exacerbés. Il faut y être entrepreneur de son devenir. Il faut sortir des murs de l’institution, se rendre à des cocktails, à des vernissages, à des premières de spectacle. La possibilité d’un « prendre part », d’un « faire partie », d’une liberté décisionnelle et d’une reconnaissance sont plus difficiles à atteindre. Les aménagements de poste, les divers soutiens, le travail du référent « handicap » etc. doivent prendre en compte ces spécificités pour qu’une promotion dans le secteur culturel soit possible.
Comment permettre à ces personnes d’occuper de tels postes ?
Une promotion professionnelle, quelle qu’elle soit, ne se matérialise que si on juge la personne légitime dans ses fonctions et son rôle. On ne promeut que des agents qui le méritent. Or, être méritant suppose que la personne soit à même d’exercer le rôle qui est le sien, et qu’elle soit placée à égalité avec les autres dans l’exercice de ce rôle. A ce titre, il me semble important que les aménagements de poste, les soutiens, le travail des référents « handicap » ne soient pas une fin en soi.
Comment éviter que les mesures pour leur intégration et leur promotion ne soient pas une fin en soi ?
Pour qu’on puisse voir une personne handicapée comme légitime dans une perspective de promotion, il faut s’interroger sur les effets capacitants des aménagements et des soutiens, du travail réalisé par le référent « handicap ». Comment placer la personne en capacité de faire le même travail que les autres ? Comment lui permettre d’oser se penser légitime aux yeux de sa hiérarchie et de ses collègues à être promue ? L’effet capacitant renvoie à quatre composantes, à travers lesquelles, l’accessibilité va fonctionner comme une forme de protection rapprochée.
Quelles sont les quatre dimensions d’une politique RH visant à atteindre une égalité des chances face à la promotion ?
D’abord, il s’agit de permettre à la personne en situation de handicap de prendre part à l’activité du service et de l’équipe au même titre que les autres. Le « prendre part », c’est ce qui va permettre à la personne d’échanger à égalité avec les autres. Si une personne est sourde, et ne bénéficie pas d’interprète en langue des signes, elle aura du mal à s’entretenir avec ses collègues. Le référent handicap doit également s’interroger sur les manières de permettre aux personnes concernées de faire partie de l’entreprise, d’être intégrées dans le collectif. Cette intégration va...
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