
Les conséquences du changement climatique vont bousculer la programmation et l'exploitation des salles de spectacle. Un défi émergent dont ont débattu les professionnels lors d'un séminaire organisé le 19 septembre par le théâtre parisien de l’Odéon.
Pourra-t-on encore jouer en extérieur Le Soulier de satin ? En juillet 1987, Antoine Vitez fait un tabac au festival d’Avignon. Pour la première fois, le metteur en scène monte le chef d’œuvre de Paul Claudel dans son intégralité. Le spectacle dure 12 heures.
La question n’a rien de farfelue pour Julien Gosselin. « Il y a une vingtaine d’années, on nous disait de prendre un pull pour voir un spectacle dans la nuit. Aujourd’hui on a chaud même à 3 h du matin », constate le directeur de l’Odéon-Théâtre de l’Europe. Une chaleur qui gêne acteurs et spectateurs en extérieur comme dans les théâtres et les salles de concert. L’envolée du thermomètre n’est d’ailleurs pas la seule conséquence du réchauffement à entraver la vie culturelle.
Un tiers des festivals touchés par les aléas climatiques
Une enquête du Centre national de la Musique (CNM) indique que près du tiers des plus de 800 festivals interrogés en 2024 ont subi des pluies diluviennes, des orages ou des températures extrêmes, confirme Solweig Barbier, déléguée générale d’Arviva (association de professionnels du spectacle militant pour une intégration des principes de la transition écologique par les lieux et les organisateurs de spectacles)).
Or, le coût de l’annulation d’une seule journée d’un gros festival se compte en millions d’euros. Et si la France métropolitaine s’échauffe de +4 °C d’ici la fin du siècle (comme le craint le gouvernement !), les précipitations extrêmes et les vagues de chaleur seront bien plus nombreuses qu’aujourd’hui.
Avant d’engager des travaux d’adaptation, les administrateurs de l’Odéon-Théâtre de l’Europe ont commandé une étude de vulnérabilité. Réalisé par Aurélien Stumpf-Mascles, jeune X-Ponts, ce diagnostic, publié en juin, pointe des faiblesses nombreuses : la médiocre isolation des sites de l’Odéon et des Ateliers Berthier. Cette porosité favorise l’échauffement des salles, phénomène susceptible d’incommoder spectateurs et techniciens. « Ce risque est d’autant plus élevé qu’une forte proportion du public est âgée de plus de 65 ans », pointe l’ingénieu
Le rapport d’Aurélien Stumpf-Mascles rappelle aussi que sept spectateurs sur dix de l’Odéon s’y rendent en transports en commun. Des métros et RER qui ne sont pas taillés pour circuler sans encombre quand il fait trop chaud ou quand il pleut trop. « Que ce soit en raison de la chaleur ou des pluies intenses, ces perturbations peuvent entraver l’arrivée du public, des artistes ou du personnel technique », poursuit l’ingénieur.
Trombes d’eau ou températures infernales nuisent aussi au bon fonctionnement des réseaux de télécommunications et d’électricité. Avec les dysfonctionnements annoncés pour les systèmes de billetterie, la régie technique, la captation, la diffusion numérique, voire des fonctions critiques du...
Lire la suite sur lagazettedescommunes.com