En quelques jours, le Saint-Georges, Gaveau et le Contrescarpe ont changé de main. Ils sont tombés dans l'escarcelle de propriétaires déjà aux manettes d'autres salles. Une concentration nécessaire dont le succès repose aussi sur un ingrédient clé: le flair.
Les changements de mains dans les théâtres parisiens s'accélèrent et renforcent le mouvement de consolidation. Les enfants de la balle, Arthur Jugnot et Morgan Spillemaecker inaugurent cette semaine Le Contrescarpe, qui s'ajoute à leur panoplie déjà riche de La Renaissance, du Splendid, et de la Comédie de Paris, le fils de Gérard Jugnot ayant par ailleurs également les théâtres des Béliers à Paris et à Avignon.
La semaine dernière, le producteur de Nicolas Canteloup, Jean-Marc Dumontet, ajoutait Gaveau à son éventail de salles comptant le Théâtre Antoine, Bobino, Le Grand et le Petit Point Virgule, le Théâtre Libre. Le fondateur de la société de spectacles Ki M'aime me Suive, Pascal Guillaume, déjà codirecteur du Tristan Bernard, a, lui, repris le Saint-Georges, avec l'auteur et comédien Sébastien Azzopardi, lui-même codirecteur du Palais Royal et du Michel. Les deux compères se sont associés pour l'occasion à Romain Frobert, conseil en gestion de risques atypiques dans la culture.
Et ces tribus rejoignent une série de multirécidivistes. Le financier Marc Ladreit de Lacharrière d'abord, via Fimalac Entertainment, qui détient les Bouffes Parisiens, la Michodière, la Porte Saint-Martin (et le Petit Saint-Martin), le Théâtre de Paris, Marigny, la Madeleine. Le producteur-tourneur Pascal Legros ensuite, qui a la main sur le Fontaine, les Nouveautés, et Edouard VII racheté avec les fonds 123 IM et Entrepreneur Venture.
La fratrie de producteurs Fleur et Thibaud Houdinière ont quant à eux La Bruyère et l'Atelier Théâtre Actuel à Avignon tandis que couple Nathalie Lucas et Serge Paumier est à la tête des Gémeaux dans la Cité des Papes qu'ils déclinent à Paris dans l'ex-théâtre Ménilmontant et que la banquière Mélanie Biessy (Antin Infrastructures) et son mari Frédéric, sont eux propriétaires de la Scala à Paris et à Avignon.
Enfin Vivendi, via Canal+ qui détient le Théâtre de l'OEuvre avec l'acteur François-Xavier Demaison, récupère, avec le rachat de Lagardère, le Casino de Paris et les Folies Bergère, plutôt axés sur le théâtre musical. Il reste à savoir ce que deviendront ces derniers actifs à l'issue du projet de scission du groupe .
Professionnalisation
Comment expliquer cette concentration ? « J'y vois une professionnalisation d'un métier qui a beaucoup changé » analyse Jean-Marc Dumontet. « Disposer de plusieurs lieux permet de lancer toujours des projets, de rester en alerte, de rebondir plus vite en cas de bide, de réaliser des économies d'échelle, de créer une dynamique en interne. Une démarche entrepreneuriale ! » ajoute-t-il.
« Nous pouvons ainsi faire grandir des artistes et des spectacles. Avec Arthur Jugnot, nous disposons de 102 places au Contrescarpe, où nous proposons du one man show à 19 heures et du théâtre à 21 heures, 189 sièges à la Comédie de Paris, 300 au Splendid, et 620 à La Renaissance », renchérit Morgan Spillemaecker. Une stratégie que Jean-Marc Dumontet pratique dans...
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