
A la tête de la région pendant près de dix ans, le très droitier LR a mené une politique punitive, ciblant les acteurs culturels jugés trop à gauche et privilégiant des industries payantes en termes d’image et de profit.
Il a tracé une voie inédite en matière de décentralisation culturelle… pour le pire. En dix ans, Laurent Wauquiez a fait de la région Auvergne-Rhône-Alpes un laboratoire de la politisation d’une compétence mineure de cet échelon territorial. Comme le prévoit le service public de la culture depuis les années 1980, la région est avant tout un partenaire budgétaire d’autres collectivités (départements, métropoles, villes) et de l’Etat, dans des configurations tripartites ou quadripartites, ainsi qu’un «passe-plat» de la manne européenne. Soit un chef d’orchestre pragmatique au service d’une partition écrite à plusieurs mains et jouée à plusieurs voix. Or dès le début de son premier mandat en 2016, l’homme politique très droitier a assumé un parti pris idéologique dans l’attribution des financements.
Des fiefs généreusement arrosés
Une constante, quels que soient les remaniements : la vice-présidence à la culture dépend officieusement du cabinet ou de proches du président de région. Son exécutif a commencé par démanteler les structures d’animation culturelle, ces intermédiaires nécessaires pour bâtir une politique concertée et transparente. Puis il s’est mis à punir des acteurs en raison de leur éventuel discours sociétal (comme des festivals consacrés à la cause LGBT + ou ayant une programmation perçue comme gauchiste, comme Ecrans mixtes à Lyon, VUes d’en face à Grenoble ou Face à face à Saint-Etienne). Il a également ciblé les institutions emblématiques de villes en fonction de leurs maires, opposants déclarés à son projet identitaire (les écologistes à Grenoble puis Lyon, les socialistes à Clermont-Ferrand, la droite centriste de Saint-Etienne), tandis que le Velay et la Haute-Loire, fiefs de Wauquiez, ont été généreusement arrosés par ses subsides.
Justifiant les coupes par un souci d’économies, l’attribution des enveloppes lui a permis de promouvoir trois axes (identité, popularité et compétitivité) déclinés en trois priorités : le patrimoine (pour une collectivité «fière de son histoire»), l’accessibilité «à tous» (surtout celles et ceux qu’il espère capter dans les urnes) et la mise en avant d’industries payantes en termes d’image et de profit, telles le cinéma ou le jeu vidéo. Depuis 2021, le second mandat de la majorité LR n’a pas dévié. Et celles et ceux qui, passé la sidération, ont osé s’en plaindre ont affronté des...
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