
Comment concilier protection de l’environnement et amour de la musique ? Les festivals, qui rassemblent chaque année de nombreux passionnés, travaillent à maîtriser leur impact. Mais la course au gigantisme complexifie la démarche dans un secteur en questionnement.
Entre le 26 juin et le 11 juillet, près de 250 000 personnes se rassembleront dans les rues et artères de Vienne, en Isère, pour profiter de sonorités jazz. Ce grand festival est aussi le cadre d’innovations pour réduire son impact environnemental. « Au départ, le glacier servait des glaces en boules dans des barquettes en carton, raconte Christophe Toni, en charge de la politique développement durable du festival Jazz à Vienne. On lui a dit qu’il fallait une solution, et maintenant même la cuillère et le contenant sont comestibles. »
Ce festival est un parmi les 7 000 qui ont lieu chaque année en France, onze fois plus que les 600 festivals annuels d’il y a trente ans. On assiste à une « festivalisation de la culture », note le sociologue Emmanuel Négrier dans le Monde en 2019. Un phénomène principalement mené par le secteur musical, qui représente près de la moitié des 7 000 festivals. Au même moment, la planète est confrontée à une crise environnementale sans précédent. Face aux injonctions à plus de sobriété, cette multiplication des grands rassemblements musicaux a de quoi inquiéter.
Les transports, première source de pollution des festivals
« Il y a une très grande diversité de festivals, c’est une grande biodiversité en soi », ironise Samuel Valensi. L’auteur et metteur en scène est également enseignant à Sciences-Po Paris. Coauteur du rapport « Décarbonons la culture » du Shift Project (association fondée par Jean-Marc Jancovici), il a travaillé sur les festivals et leur impact. « Le bilan carbone d’un festival va de quelques dizaines de tonnes à quelques dizaines de milliers de tonnes pour les plus gros festivals français, avance-t-il. Les Vieilles Charrues par exemple, c’est entre 10 000 et 15 000 tonnes de CO2 par an. À peu près l’équivalent de 1 500 Français à l’année. »
Mais d’où viennent ces émissions de gaz à effet de serre ? Si cela dépend du type de festival et de son emplacement, les mobilités (celles des artistes comme celles du public) constituent le gros de la pollution. Viennent ensuite l’alimentation et...
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