
Manque de visibilité, perte de diversité… Un grand nombre de compagnies, théâtres, centres d’art et autres structures culturelles jonglent aujourd’hui avec les baisses de financement. Une situation inquiétante pour les principaux acteurs, qui craignent l’autocensure et un frein à la liberté de création.
La culture n’échappe pas aux assauts répétés que subissent les services publics (école, hôpital, aides sociales…), mais ces derniers mois ont vu s’accélérer la dégradation en cours. Les situations les plus alarmantes des régions Pays-de-la-Loire et Auvergne-Rhône-Alpes cachent mal une offensive générale, visible sur tout le territoire. «On en est à essayer de survivre», lâche Margot Quénéhervé, directrice de production et déléguée régionale Ile-de-France pour le Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles.
Un détour par la plateforme Cartocrise, lancée ce printemps, confirme l’ampleur de la casse : plus de 600 compagnies, théâtres, centres d’art et autres structures culturelles y font état de baisses de financement – souvent quelques milliers d’euros, parfois beaucoup plus. A Béziers (Hérault), la Scène de Bayssan, sabrée de 400 000 euros (dont 300 000 du département) annonce la suppression de sept postes et une programmation dégradée. A Angoulême (Charente), le festival Musiques métisses doit composer avec près de 90 000 euros de subvention en moins ; au Centre photographique d’Ile-de-France, ce sera 30 000 euros ; au Grand Café à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), 34 000 euros… La liste est longue, et pourtant loin d’être exhaustive : certains opérateurs n’ont pas affiché les baisses subies, parfois sous la pression de leurs financeurs.
«Dans le flou»
Surtout, chaque coupe entraîne des effets en cascade : ainsi, la dégradation des budgets des théâtres et des festivals crée une «grande fragilité sur l’ensemble du secteur du spectacle vivant, et notamment chez les compagnies qui perdent des apports financiers pour leur coproduction et des dates de diffusion», détaille Gilbert Pouille, coordinateur d’Actes pro, une association qui regroupe une soixantaine de structures des Hauts-de-France. Fragilité d’autant plus grande que ces coupes interviennent après des années de régime sec, et alors que les acteurs culturels ont déjà fait «tous les efforts et au-delà. Nous sommes à un point de rupture», juge Marie Didier, directrice du Festival de Marseille.
Ces baisses de financement sont en large partie opaques. Ainsi, en Ile-de-France, alors qu’une réduction globale de 20 % des subventions régionales a été annoncée, sa répartition n’a toujours pas été détaillée à chacun des acteurs concernés. «Nous sommes complètement dans le flou», s’inquiète Margot Quénéhervé. Faute de visibilité, les lieux ne peuvent pas s’engager auprès des artistes. Les difficultés ne sont pas réservées aux...
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