
La structure associative, située aux portes de Paris, a appris récemment que les aides de la Direction régionales des affaires culturelles diminueraient de 40 %, ce qui aggravera son déficit. Pour la direction et les élus locaux, réunis lundi 16 juin, la décision est «incompréhensible».
Au bord du périphérique Porte de Bagnolet, au bout d’une petite ruelle longeant l’avenue Gallieni, se trouve un petit îlot jaune. Un îlot de culture, au carrefour de Paris, Montreuil et Bagnolet. Ici, le théâtre L’Echangeur et la compagnie Public chéri proposent leurs propres créations et accueillent spectacles de théâtre et de danse, concerts, ateliers pour enfants ou résidences artistiques. Le lieu, créé et géré depuis 1996 par l’impétueux Régis Hebette, est aujourd’hui menacé de fermeture d’ici juin 2026, après l’annonce d’une baisse de 40 % des subventions de la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) Ile-de-France.
Dix années de gel budgétaire
Devant la salle principale du théâtre, ce lundi soir 16 juin, habitants de Bagnolet et équipes artistiques sont venus en nombre pour soutenir «Régis». La conférence de presse, ouverte à tous, tarde à commencer : tout le monde se connaît et se salue.
Dans la grande salle de L’Echangeur, les prises de parole sont ponctuées par les bruits des ventilateurs et des éventails : la climatisation est en panne. Le bilan dressé par le directeur est sinistre. Début mai, le théâtre associatif, qui vit en majorité de subventions publiques, apprend par courrier une baisse de son financement de la Drac de 60 000 euros, s’ajoutant à une première coupe de 20 000 euros en 2024, et de 15 000 euros du département pour 2025. Au total, L’Echangeur perd cette année 2025 près de 15 % de son budget total annuel, après dix années de gel budgétaire malgré l’inflation, et des comptes à l’équilibre en décembre 2024. «On a rogné autant que possible, mais en 2025, nous faisons face à un déficit de 60 000 euros : nous ne pourrons pas aller au-delà de juin 2026.» Une obsolescence programmée pour cet espace cogéré par six salariés seulement. La situation, précaire, est emblématique de celle de la culture subventionnée en général.
«Tremplin»
La décision de la Drac reste «incompréhensible» pour la compagnie Public chéri. La direction régionale, qui n’a pas donné suite aux sollicitations de Libération, justifierait ses coupes par une baisse de fréquentation et un déséquilibre financier, des questions rapidement balayées par un Régis hors de lui : le public augmente depuis 2017, en particulier ces trois dernières années – jusqu’à atteindre 9 000 spectateurs en 2024, pour des spectacles indépendants et de longue durée.
Autres motifs invoqués : une «ligne artistique pas très lisible» (ce qui déclenche quelques rires dans la salle) et la «difficulté de dialoguer avec Régis Hebette» (francs éclats de rire). Rien de bien probant donc dans le dialogue, «ni avec la Drac, ni le département, ni le ministère», et ce malgré l’intervention du maire PS de Bagnolet, Tony Di Martino, présent pour la conférence.
A côté de lui, le député de Seine-Saint-Denis Alexis Corbière, qui a aussi répondu à l’appel de la compagnie, récupère le micro : surprise, surprise, Rachida Dati lui écrit un mail à l’instant, que l’ancien insoumis n’hésite pas à...
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