À l’occasion des Biennales internationales du spectacle vivant (BIS) 2023, à Nantes, les 11 et 12 janvier, les représentants des scènes publiques ont évoqué la multiplication des menaces qui pèsent sur leurs institutions. Les professionnels exhortent les élus à entrer avec eux dans une discussion sur l’avenir du secteur.
« La fin du service public du spectacle vivant est-elle pour 2023 ? » C’est la question lancée le 12 janvier par les représentants de l’Usep-SV (1) lors des BIS de Nantes. Une formulation certes un brin provocatrice, mais qui en dit long sur les dangers qui menacent les scènes publiques locales et l’inquiétude de leurs responsables.
Le secteur public face à « une lame de fond »
Le secteur vit une crise multifactorielle : séquelles de la crise sanitaire (avec, notamment, une fréquentation très irrégulière et imprévisible), pratiques culturelles en évolution, hausse sans précédent des coûts due à l’inflation et à l’emballement des prix de l’énergie, urgence environnementale et énorme pression budgétaire de la part des collectivités, elles-mêmes confrontées à des difficultés sans précédent. « C’est une lame de fond qui est à l’œuvre », a résumé Frédéric Maurin, président du SNSP en guise de cri d’alarme.
« Les collectivités, qui financent 70 % des politiques culturelles, sont prises à la gorge », a fait valoir Alexia Lorca, vice-présidente chargée de la culture de l’EPT Est ensemble et adjointe déléguée à la culture et à l’éducation populaire de Montreuil (Seine-Saint-Denis).
Réduction d’activité dans le spectacle vivant
Si les salles de spectacle ne mettront pas toutes la clé sous la porte en 2023, la réduction de leur activité n’est plus une simple hypothèse. Alexia Lorca a donné l’exemple du théâtre municipal montreuillois, confronté à des dépenses « multipliées par six pour l’électricité et par trois pour le gaz. Ses responsables envisagent de fermer un mois plus tôt ».
« Parmi nos adhérents, neuf sur dix envisagent de réduire ou de suspendre leur activité en 2023, a renchéri Aline Sam Giao, présidente des Forces musicales, syndicat d’employeurs du secteur des orchestres et des opéras. En fragilisant les grandes maisons que nous sommes, c’est l’écosystème dans son ensemble que l’on fragilise. La situation est dramatique. »
Budgets « culture » : accumulation de mauvaises nouvelles
Les professionnels sont arrivés aux BIS de Nantes sous le choc de mauvaises nouvelles budgétaires. A commencer par l’absence de la région Pays de la Loire, qui a ignoré ce grand rendez-vous professionnel, dont sa capitale régionale est l’hôte. La vue de son stand resté complètement vide a marqué les esprits. Une absence que la région justifie en évoquant « des menaces et des intimidations » reçues depuis le 15 décembre 2022. Date à laquelle l’assemblée régionale a voté une baisse de 10 à 15 % des subventions aux compagnies, et la suppression des aides à la création, aux projets et aux résidences.
Autre problème, en Auvergne – Rhône-Alpes, où « la région a refusé, le 16 décembre, de signer les conventions pluriannuelles d’objectifs », a expliqué à « La Gazette » Marine Berthet, directrice déléguée du Quatuor Debussy et du festival Ballades en cordes, et membre du syndicat d’employeurs Profedim. Les appels à projets, que la région devait lancer en 2022 pour 4 millions d’euros [en lieu et place des subventions habituelles, ndlr], ont été suspendus et remis à l’agenda de 2023, avec une enveloppe ramenée à 2,5 millions d’euros. Dans une lettre cosignée, du 11 janvier, par les organisations professionnelles du secteur public, Profedim demande des explications à la vice-présidente chargée de la culture, Sophie Rotkopf. Avec comme date-butoir le 19 janvier, jour de la réunion du Coreps.
Du côté des responsables de l’Usep-SV, on surveille les budgets « culture » des autres régions comme le lait sur le feu, avec de fortes inquiétudes du côté de l’Occitanie et du Grand-Est.
Crise écologique : inventer « de nouveaux paradigmes » pour la culture
Cette crise budgétaire survient alors que, transition écologique oblige, le secteur culturel doit inventer d’autres modes de création, production et diffusion. Avec une exigence : « La mutation écologique doit être inclusive pour toutes les classes sociales », a insisté Nicolas Dubourg, président du Syndeac.
Et d’inviter à l’invention « de nouvelles valeurs sur lesquelles fonder les politiques culturelles de demain ». Car, aujourd’hui, la création et la diffusion se font encore « dans des architectures et avec des modèles de...
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