Lundi, la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, a évoqué deux concerts tests qui se tiendront en mars à Paris et Marseille sous le contrôle de scientifiques. D’autres projets, avec protocoles sanitaires très stricts et public debout, sont également à l’étude.
Prouver qu’il est possible de réunir les artistes et leur public sans créer de cluster est la mission qui réunit les professionnels du spectacle et les scientifiques depuis plus de quatre mois, pour réfléchir à des expérimentations permettant de rouvrir les salles et festivals en toute sécurité. Invitée sur LCI lundi soir, Roselyne Bachelot s’est dite «optimiste sur les spectacles assis» et a évoqué deux concerts tests «dans la deuxième quinzaine de mars», à Paris et Marseille, «sous réserve d’une situation sanitaire catastrophique».Sur le modèle de l’expérience menée à Barcelone à la Sala Apolo (dont le protocole sanitaire strict a permis de prouver qu’aucun spectateur n’avait été contaminé pendant l’événement), plusieurs initiatives associant des professionnels du spectacle et des scientifiques sont bien à l’étude en France.
Si la tentative de doter les Victoires de la musique d’un public testé avant et après sa venue à la Seine musicale n’a pas pu aboutir la semaine dernière, l’espoir est ravivé. L’annonce, par Roselyne Bachelot, que les cas positifs au Covid ne seraient pas filtrés pour une mise en situation a pu surprendre et nous est expliquée par le médecin urgentiste Vincent Estornel, membre de Do3me, un collectif créé par des professionnels du spectacle, de la musique et de la santé à Marseille pour trouver des solutions au live en crise – il prévoit de créer un congrès international réunissant tous les spécialistes ayant travaillé à un protocole sanitaire pour redémarrer les concerts. Le protocole de l’événement test de Marseille est encore à l’étude à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Selon Vincent Estornel, le feu vert du Comité consultatif national d’éthique et des comités de protection des personnes (CPP) a bien été donné pour un concert assis, avec un public masqué ayant le droit de se lever et de danser dans le seul périmètre de sa chaise ou de son fauteuil.
Mille personnes tirées au sort
Les résultats des tests antigéniques faits avant ce concert ne seront toutefois pas connus avant l’événement. «Deux mille personnes sans facteurs de comorbidité se porteront volontaires et on en tirera au sort 1 000 d’entre elles pour assister au concert, explique Vincent Estornel. C’est une étude avec randomisation, et tout ceci est très cadré. Les participants vont avoir de la documentation à lire, il y aura aussi une rémunération. Pour apporter du poids à l’expérience, l’événement sera renouvelé une seconde fois, une semaine après, avec les 1 000 autres volontaires.» La tranche d’âge visée est de 20 à 30 ans et les volontaires pourront s’inscrire via une plateforme, avec le soutien d’Aix-Marseille Université, «pour redonner de l’espoir aux étudiants». Le plateau promet d’être composé d’artistes marseillais, mais les dates étant susceptibles de changer, les noms restent sous cloche, même si on sait que le groupe IAM est dans les starting-blocks. Le brassage de populations positives et négatives est une manière d’acter qu’il ne sera pas économiquement possible, pour certaines salles, de réclamer des tests par anticipation et qu’il faut donc avoir un modèle de concert alternatif avec gestes barrières et distanciations efficaces, explique Vincent Estornel. Il met par ailleurs le public en garde contre les fausses billetteries autour de l’événement et rappelle qu’il s’agit bien d’une expérimentation scientifique.
Le secteur du concert debout, particulièrement affecté et tributaire de ces tests pour espérer la reprise des festivals cet été, aura lui aussi droit à son expérimentation sans distanciation, en fosse. Le Syndicat national du spectacle musical et de variété (Prodiss) travaille depuis quatre mois sur un événement comprenant entre 3 000 et 5 000 spectateurs, certes masqués mais non distanciés. Cette expérience devrait se tenir à l’AccorHotels Arena (le palais omnisports de Paris-Bercy) en collaboration avec l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), un conseil scientifique composé de virologues et d’infectiologues, ainsi que l’unité de recherche clinique des hôpitaux Cochin et Necker.
Tests négatifs et QR code
Angelo Gopee, directeur général de la multinationale Live Nation France et membre du comité «producteurs» du Prodiss, explique que «rouvrir les salles de spectacle n’est pas une question philosophique, on doit chercher des pistes, en s’adossant à l’application TousAntiCovid attestant, via un QR code d’un test négatif, antigénique ou PCR réalisé soixante-douze heures avant, du suivi des participants. Le concert debout sans distanciation, dans une jauge de 5 000, c’est le cœur des festivals cet été. On veut montrer qu’il n’y aura pas de participants contaminés et rendre le modèle duplicable, que ce soit un système comme pour les voyageurs en avion, qui a démontré son efficacité».
Le test parisien est...
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