Les sociétés de donateurs ont vu leurs effectifs fondre depuis le début de la pandémie. Mais un noyau d’irréductibles se démène pour continuer à financer œuvres et expositions.
Ça tangue dans les sociétés d’amis de musées. Depuis le déclenchement de la pandémie de Covid-19, en mars 2020, elles ont perdu en moyenne 20 % à 25 % de leurs membres. Or la contribution de ces bienfaiteurs n’a rien de marginal. En 2019, les Amis du Centre Pompidou ont donné 3 millions d’euros pour les acquisitions, alors que la subvention publique plafonne, elle, à 1,8 million d’euros. Les Amis du Musée d’art moderne de Paris avaient mis, la même année, 2 millions sur la table pour les travaux d’embellissement.
Difficile toutefois de solliciter ces généreux donateurs quand, huit mois durant, les établissements n’ont pu leur offrir les contreparties habituelles à leur générosité : visites gratuites, avant-premières, conférences privées ou tête-à-tête avec les conservateurs… Et bien sûr un avantage fiscal à la clé : ils bénéficient d’une déduction sur leurs revenus de 66 % des sommes données.
C’est dans les moments difficiles, dit-on, qu’on reconnaît ses « vrais » amis. Directeur général délégué de la société des Amis du Louvre, Sébastien Fumaroli a fait le décompte : les vrais « militants » – comprenez ceux qui n’attendent pas de privilèges en retour – représentent 50 % de ses effectifs, soit environ 30 000 à 35 000 membres. En décembre 2020, la société a créé un nouveau Cercle des mécènes. Ce groupe a déjà collecté 300 000 euros, consacrés en premier lieu à l’exposition « Trésors du Caire », prévue en 2022.
En ordre de bataille
Au même moment, la souscription lancée par les Amis d’Orsay et de l’Orangerie a permis de collecter les 200 000 euros nécessaires à l’achat d’un Garçon breton de profil par le peintre Roderic O’Conor. Quelques-uns, parmi les plus actifs, du Musée national d’art moderne se sont cotisés pour réunir 200 000 euros, au profit de l’exposition « Elles font l’abstraction ».
Malgré la perte d’un cinquième de ses adhérents, la société des Amis du château de Versailles dispose d’un bas de laine confortable, alimenté par les legs, donations et contrats d’assurance-vie, ce qui lui permet d’honorer ses engagements notamment pour les restaurations. Et ses membres ont continué à aider le château à titre individuel, principalement par des dons directs d’œuvres, comme cet ensemble de treize ouvrages publiés entre 1681 et 1810 pour la bibliothèque de Marie-Antoinette.
Aujourd’hui, ces cercles sont en ordre de bataille pour retrouver leurs ouailles. « Depuis la réouverture du château, on est en train de les récupérer », assure, optimiste, Thierry Ortmans, président des Amis de Versailles. Pour convaincre les décrocheurs de reprendre leur abonnement, chacun y va de sa carotte. La société des Amis du Louvre, qui a perdu 15 000 membres, a proposé en 2020 à ses adhérents une carte supplémentaire gratuite pour une personne de leur choix. Une offre qui leur a permis d’attirer 10 000 nouvelles recrues potentielles, qu’il faut désormais transformer en contributions sonnantes et trébuchantes. L’association tente aussi de récupérer le public « jeune et famille », qui a...
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