DÉCRYPTAGE - Justine Heynemann, Pauline Susini, Maëlle Poésy, Salomé Lelouch, Johanna Boyé ou Géraldine Martineau… Une nouvelle génération s’impose aujourd’hui.
«Les metteuses en scène prennent de l’assurance. À un moment donné, les femmes se sont peut-être dit: “On y va.”», se réjouit la productrice Fleur Houdinière. «Nous avons gagné de la visibilité», renchérit Pauline Susini qui a monté Un tramway nommé désir, au Théâtre des Bouffes Parisiens (18e). De fait, il n’y en a jamais eu autant au théâtre en cette rentrée.
Issues d’écoles de théâtre, elles sont jeunes, dynamiques, cultivées et déterminées et ne manquent pas d’idées: Léna Bréban (Verte de Marie Desplechin), Élodie Menant (Les Crapauds fous), Salomé Lelouch (Fallait pas le dire!), Salomé Villiers (Merteuil), Pauline Susini (Simone Veil), Aurélie Bargème (Mauvaises filles), dont la prochaine pièce - Les vaches laitières ont aussi de beaux yeux - a reçu l’aide Talent Déclencheur Adami. On ne peut les citer toutes.
Éric Ruf, l’administrateur général de la Comédie-Française en recrute de plus en plus, venant du théâtre privé. Ainsi, sur les vingt-deux pièces de la saison 2023-2024 du Français, douze sont adaptées par une ou plusieurs metteuses en scène. Entre autres, Lorraine de Sagazan, Silvia Costa ou Valérie Lesort. Justine Heynemann, dont Punk.e.s a obtenu le prix SACD de la mise en scène (2019), vient de remplir le Studio du Carrousel du Louvre avec Les Culottées, pièce tirée de la bande dessinée à succès de Pénélope Bagieu.
«C’est dans l’air du temps»
Récemment, Johanna Boyé y a signé une inoubliable Reine des neiges, l’histoire oubliée et Géraldine Martineau a immortalisé La Petite sirène, au Vieux Colombier. Elles officient dans les deux «petites» salles de la maison de Molière. Plus rarement dans la salle Richelieu ou seulement après avoir fait leurs preuves comme Julie Deliquet, devenue directrice du Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis (93).
«Les femmes metteuses en scène ont toujours été là. C’est juste qu’on ne les entendait pas. On leur laisse désormais leur place», observe Pauline Susini. «C’est dans l’air du temps, il y en avait moins auparavant. Aujourd’hui, les auteurs citent des femmes metteuses en scène quand ils apportent un manuscrit», confirme le producteur Jean-Claude Houdinière. Irina Brook, Ariane Mnouchkine, à l’origine du Théâtre du Soleil, Arlette Téphany qui a fondé avec Guy Rétoré le Théâtre de l’Est Parisien ou Muriel Mayette, l’ex-administratrice générale de la Comédie-Française ont été des pionnières.
À l’instar de leurs aînées, leurs héritières sont d’ailleurs souvent également auteurs et déjà récompensées par leurs pairs.
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