
Contrairement à d'autres secteurs d'activité, les acteurs culturels ne disposent ni de normes ni de solutions clés en main pour entrer dans la transition écologique. Une difficulté supplémentaire pour orienter les décisions et en évaluer l'impact.
Lorsqu’il est question de revoir les déplacements des artistes, des œuvres et du public ou de recalibrer l’envergure des manifestations et le déploiement de l’offre numérique, les professionnels abordent des sujets qui touchent aux contenus, à la programmation et à la relation avec les artistes, le public et le territoire. Autant de problématiques qui ne relèvent pas de décisions normées, comme dans le cas des bâtiments.
La question est d’autant plus complexe que, depuis une cinquantaine d’années, les dispositifs de soutien de l’Etat et des collectivités poussent les artistes à produire toujours plus, et les lieux de culture à enrichir sans cesse leur offre. Ensuite, l’évaluation des projets se fait sur des bilans chiffrés (nombre d’œuvres présentées, d’entrées, etc.) et sur le rayonnement des équipements et des événements. « Nous avons tous voulu, à un moment ou à un autre, avoir, sur notre territoire, le plus gros événement », convient Romain Mericskay, délégué général de la Fédération nationale des associations de directeurs des affaires culturelles, chargé de la transition écologique.
Renoncement, redirection
Dans son rapport « Décarbonons la culture ! » (2021) The Shift Project décrit « une “événementialisation” de la culture, une croissance permanente des jauges, des dispositifs techniques et du transport de matériels et de personnes ». Et d’inviter à la « désescalade », en faisant du « renoncement » l’une des « cinq grandes dynamiques de transformation » (avec la relocalisation des activités, le ralentissement, la diminution des échelles et l’écoconception).
Mais pour les acteurs culturels, le mot « renoncement » est un repoussoir. « Il s’agit d’analyser ce que l’on peut garder et ce que l’on va faire évoluer. C’est pourquoi parler de “redirection” est plus approprié et plus facilement acceptable », nuance Cyril Delfosse, écoconseiller dans le secteur culturel. « Le renoncement doit pourtant entrer dans notre grille de pilotage, tranche Pascal Krajewski, directeur adjoint de la bibliothèque municipale de Lyon [522 200 hab.], chargé de la transition écologique. Il faudrait que les décideurs, lorsqu’ils gèrent leur budget et leur programmation, sachent que cette option existe et que, pour chaque décision, ils disposent d’un indicateur pour évaluer si elle vaut le coup. »
Pour aborder la transition écologique culturelle, il faut « changer...
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