Cofondé par une journaliste française et une chorégraphe camerounaise, l’association Showbis récupère du matériel de théâtre en France afin d’équiper des pays sous-dotés.
Encore un projet de recyclage de décors ? L’an passé, à l’heure où les milieux culturels enchaînaient les tables rondes sur l’écoresponsabilité, Libé en listait déjà plusieurs. A commencer par le mastodonte de la famille, l’atelier ArtStock, basé en Haute-Garonne, qui a traité environ 3 000 tonnes de déchets spectaculaires en dix ans d’existence. C’était plutôt poétique, à l’occasion de cette recension, d’apprendre qu’une statue de Sphinx sauvée d’une production d’Aïda au Stade de France s’était retrouvée dans un téléfilm de TF1 avec Mimie Mathy avant de servir de déco à thématique égyptienne à la mairie de Monaco. Et que dire alors si ce cercle vertueux faisait un jour un détour par l’Afrique, là où les artistes du spectacle vivant manquent cruellement d’outils techniques. Pas urgemment de Sphinx en stuc (mais pourquoi pas aussi), mais plutôt de matériel son, lumière, sol, pour exporter les productions sur le continent ou à l’international, mais aussi pour équiper des lieux uniques, créés sur mesure.
C’est toute l’ambition de «Showbis», un projet de solidarité culturelle cofondé l’an passé par la journaliste française Claire Nini et le chorégraphe camerounais Jean Boog, et qui tente d’inventer des secondes vies plus politiques aux matériaux stockés par les théâtres. Ce matériel, selon eux, c’est une des conditions sine qua non pour qu’existe enfin en Europe cette «scène africaine manquante», qui peinerait à émerger en toute indépendance : «Dans beaucoup de pays d’Afrique, soit tu danses uniquement sur les places de marché ou devant les églises, soit tu passes par les instituts français si tu veux tourner à l’international, mais il n’y a aucune alternative, rappelle Claire Nini, qui a travaillé pendant cinq ans au Mali, au Tchad, en Angola ou au Cameroun. Ce sont encore les Instituts français qui font la pluie et le beau temps sur le plan de la professionnalisation, seulement c’est rare qu’ils connaissent réellement le vivier d’artistes locaux, qui est extraordinaire mais manque d’équipement.» Leur première collecte, explique-t-elle, a été ciblée «danse», dans l’espoir d’ouvrir bientôt à Douala un centre chorégraphique, la «Breakerie» («Beaucoup des chorégraphes locaux travaillent cette discipline»). Le Théâtre national de...
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