France Festivals et l’équipe du chercheur Emmanuel Négrier ont présenté le 5 avril une étude sur les festivals en milieu rural. L’étude, commencée avant l’arrivée de Rachida Dati au ministère de la Culture, va nourrir les assises nationales de la culture en milieu rural, que la ministre a mises à son agenda dans le cadre du « Printemps de la ruralité ».
Beaucoup d’idées reçues entourent les festivals en milieu rural. « Il s’agirait d’événements ‘à l’ancienne’, organisés comme des fêtes de village, par des amateurs et pour des amateurs, dépourvus d’opérateurs artistiques, rassemblant un public plutôt âgé, avec des goûts populaires, dans un désert culturel relatif », énumère le politologue Emmanuel Négrier, qui vient de signer une étude sur les festivals ruraux avec Julien Audemard, Aurélien Djakouane (Université de Montpellier CNRS (1) ), et Edwige Millery (ministère de la Culture).
Conduit en partenariat avec France Festivals, et présentée le 5 avril, ce travail va nourrir la réflexion en cours sur la culture en milieu rural.
La musique loin devant les autres disciplines artistiques
L’enjeu de cette étude est d’autant moins négligeable qu’un tiers des festivals sont organisés en milieu rural.
La musique devance de loin les autres disciplines artistiques (cinéma et audiovisuel, arts visuels et numériques, livre et littérature, spectacle vivant). Les musiques actuelles sont les esthétiques dominantes.
Cependant, les territoires ruraux accueillent près de la moitié (46%) des festivals de musique de répertoire. De quoi casser l’a priori selon lequel les festivals ruraux « auraient un caractère généraliste et artistiquement peu exigeant », soulignent les chercheurs.
Les événements artistiques ruraux sont de création plutôt récente : 48% nés au cours de la dernière décennie (contre 44% pour le milieu urbain). Autrement dit, beaucoup ont bénéficié de la dynamique la plus récente du phénomène de « festivalisation ».
Concernant le calendrier, la saison estivale domine de loin. Pour les chercheurs, ce « tropisme estival » (qui concerne aussi des secteurs éloignés des zones les plus touristiques) s’explique par une articulation avec une stratégie touristique, des conditions propices à l’occupation de l’espace public, une plus grande disponibilité des professionnels et des artistes.
Les festivals ruraux moins subventionnés que les autres
Sur le plan budgétaire, les festivals ruraux disposent de moyens inférieurs, avec un taux de subventionnement moindre : 41% contre 56% pour les festivals urbains. Les départements devancent le bloc communal.
La dépendance à l’égard des recettes propres (billetterie, restauration etc.) confère aux festivals ruraux une plus grande autonomie. Ce qui « n’est pas sans risque, alertent les auteurs, tout comme l’est la primauté départementale dans les subventions, notamment lorsque l’on connaît la situation financière des départements et les baisses que certains se voient contraints d’opérer sur leurs financements culturels. »
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